Toute une vie vouée à la passion de l'orchidée, la reine des plantes

De l'orchidée, Luc Vincent connaît tout ou presque. Responsable de l'établissement horticole de la Ville de Neuchâtel, à Cernier, il voue une passion sans borne à celle que l'on surnomme la reine des fleurs. «Ça, tu vois... c'est une orchidée et ça vaut très cher!» Ces quelques mots lancés par une grand-mère à son petit-fils il y a plus de quarante ans, Luc Vincent les entend toujours résonner en lui. Désormais à la tête de l'établissement horticole de la Ville de Neuchâtel, à Cernier, il se souvient: «A l'époque, les gens de la campagne comme ma grand-mère allaient se promener en ville le dimanche. C'est au cours de l'une de ses balades dominicales, à Genève, qu'elle m'avait lancé cette phrase. Une phrase qui m'a marqué.»

31 janv. 2008, 12:00

Né à Morges il y a cinquante ans, Luc Vincent vit désormais à Chézard-Saint-Martin. Il partage son temps entre son travail d'horticulteur pour la Ville de Neuchâtel et sa fascination pour les orchidées: «J'ai toujours été passionné par les plantes. Mais pas uniquement pour les belles fleurs. L'interaction entre l'homme et les plantes m'a toujours fasciné. Actuellement, j'ai le sentiment que les gens s'éloignent de la nature. Ils ne font plus attention à ce qui les entoure. Ils se disent que les plantes poussent comme ça. Que c'est normal et c'est tout.»

Immergé au quotidien dans le monde végétal, Luc Vincent a appris à observer les similarités qui existent entre orchidées et êtres humains. «A l'image de l'homme, cette plante est au sommet de l'évolution. Mais elle est aussi malgré tout fragile. Très sensible aux changements brusques. Et ce malgré ses qualités d'adaptation.»

Parmi les quelque 25 000 à 30 000 espèces d'orchidées présentes sur notre globe selon les auteurs d'ouvrages spécialisés, Luc Vincent en apprécie tout particulièrement une: phalaenopsis. «Elle tire son nom de sa ressemblance avec un papillon. On trouve cette espèce en Chine, en Birmanie, en Inde, en Malaisie, aux Philippines et jusqu'en Australie.»

Autant de contrées lointaines qui ne cessent de titiller la curiosité de l'horticulteur. «Il existe une soixantaine d'espèces d'orchidées en Suisse, mais mon intérêt se porte plus sur les spécimens exotiques. D'ailleurs l'un de mes premiers voyages, juste après mon apprentissage, m'avait conduit au Sri-Lanka. On m'avait dit beaucoup de bien du jardin botanique de Kandy, l'ancienne capitale du pays. Sur place on ne présentait pourtant qu'une majorité d'espèces importées d'Amérique du Sud. Décevant pour un pays qui compte de merveilleuses fleurs.»

Du sabot-de-Vénus à la vanille, nombreux ont été les scientifiques et les écrivains à prêter, comme Darwin ou Baudelaire, leur plume à la reine des fleurs. Une véritable muse pour Luc Vincent qui, non content de lui vouer une passion sans borne, donne vie à de nouvelles espèces telles «La belle de Cernier», «Little dream» ou encore «Paul Vincent» en hommage à son grand-père. Une manière pour l'horticulteur de continuer à faire vivre la magie de l'orchidée dans le silence des serres de Cernier. /YHU