Elément centraI, l'arbre généalogique. Chaque ménage en a reçu un, vierge, avec mission de le remplir «aussi loin que les souvenirs familiaux le permettaient». «Comme à La Fontenelle, précise Jacqueline Rossier, de la commission sports, loisirs et culture de la commune, nous souhaitions qu'ils remontent jusqu'aux arrière-arrière-grands-parents.» Un tiers s'est livré à l'exercice. Parallèlement, les élèves de l'école ont dessiné leur propre arbre généalogique.
«Arrivée aux grands-parents, je n'avais que quelques bribes, raconte Nicole Hadorn, qui habite le village avec son mari Willy et leurs enfants Jérôme, Joëlle, David et Mélissa. Je me suis rendu compte que transmettre le nom des aïeux n'est pas si évident. On peut être vite oublié. Mais ça dépend aussi de l'intensité des liens familiaux: avec beaucoup de réunions familiales, on a sans doute davantage de chances de garder le souvenir de ceux qui nous ont précédés.»
Pour remplir le fameux arbre généalogique, Nicole Hadorn a fait appel à sa mère et à sa belle-mère. La première, raconte-t-elle «a dû bien réfléchir, mais elle y est arrivée, avec sa seule mémoire». Sa belle-mère n'a pas pu remonter aussi loin dans les générations, «peut-être justement du fait que mon beau-père faisait peu de fêtes de famille».
Des surprises, une fois l'arbre rempli? «Quelques prénoms m'ont étonnée. Mais je savais qu'il y avait quelques ascendances italiennes du côté de ma mère.»
Des ascendances italiennes, on en trouve beaucoup plus directement chez Mireille Beltrame: la famille de son mari Fabio vient de la péninsule, mais, ajoute l'administratrice communale, «mon beau-père, qui avait épousé une Suissesse, est plus Neuchâtelois que certains Neuchâtelois».
Pour remplir leur arbre, les Beltrame ont fait appel à leurs souvenirs et, bien sûr, à ceux de leurs parents respectifs. «Ils ont dû réfléchir, puis ils ont repris contact pour donner les noms. Je crois que le plus difficile a été de retrouver le nom de jeune fille des femmes».
Quel intérêt a pris la famille à cette petite recherche? «Quand ils ont fait ça pour La Fontenelle, mes deux grands garçons ont réagi différemment: l'un l'a considéré comme un truc de plus à faire, l'autre a trouvé ça très intéressant. Je crois que leur petit frère, à l'école primaire, y a aussi pris du plaisir.»
Elle-même se dit «à la base intéressée» par ce genre de démarche. Au point de concevoir quelque frustration du résultat: «Des noms et des lieux permettent certes de voir par exemple que, dans ma famille, ce sont les femmes qui s'installent chez leur mari; alors que c'est plutôt le contraire, du fait du changement de pays, dans la famille de mon mari. Mais on voudrait bien savoir ce qu'ont fait ces gens, pourquoi certains d'entre eux ont bougé à un moment donné. Derrière un nom, on aimerait bien découvrir une histoire. Mais évidemment ce serait une recherche bien plus fastidieuse.»
En attendant, relève-t-elle, l'examen comparé des arbres généalogiques, ce week-end, pourrait révéler des parentés lointaines que les intéressés ignoraient jusqu'ici. Sans aller jusque-là, un petit tour dans cette exposition joliment mise en scène confirme au moins que tous les habitants du Pâquier ne s'appellent pas Cuche. / JMP