En marquant un tir à trois points après seulement 27 secondes, Caroline Turin a montré dans quel sens soufflerait le vent. La brise s'est levée pour de bon (8e: 27-11), ébouriffant sérieusement les tignasses valaisannes. Les météorologues donnent des noms de filles aux cyclones, on comprend mieux pourquoi! Quand Uni joue en rafale, le public en raffole.
Bien sûr, il y a eu l'accalmie - «On ne peut pas évoluer sur un tel rythme offensif durant 40 minutes», dira Thibaut Petit. Bien sûr, il y a eu le vent contraire, Troistorrents gagnant les deuxième et troisième quarts sans qu'il n'y ait rien de blizzard dans ce retour. «Elles ne pouvaient pas baisser les bras, elles n'avaient plus rien à perdre, dans un sens, notre départ exceptionnel les a libérées», ajoutera le coach neuchâtelois. Bien sûr, il y a eu le calme avant la tempête (65-65 à l'entame du dernier «dix»). Un quart où les Valaisannes, à force d'avoir couru après le score, ont fini par manquer de souffle face au tourbillon universitaire.
Dans ce quart, alors que Sophie Charlier et Cameo Hicks - 33 points à elles deux en première mi-temps - étaient surveillées comme le lait sur le feu, Alexia Rol (18 ans, 10 points) et Caroline Turin (20 ans, 6 points, dont un tir primé capital pour avancer à 83-76 à 1'30'' de la sirène) ont donné le tournis aux Chorgues. Le score final s'est ensuite scellé sur la ligne des lancers francs.
«A 65-65, j'ai dit aux filles que l'on était dedans, qu'il ne fallait pas se tracasser», glissait Thibaut Petit. «Juste éviter de laisser l'adversaire passer devant. Je savais que les Valaisannes seraient inévitablement fatiguées et manqueraient donc de lucidité. C'est la victoire d'un concept. Sophie Charlier et Cameo Hicks ont fait leur boulot d'étrangère (Taisiia Bovykina est passée à côté). Mais c'est Alexia Rol (réd: du centre de formation) et Caroline Turin (réd: sortie en 2007) qui ont fait la différence! On a été dominé aux rebonds (réd: 40 à 21). Normalement, dans ces cas-là, on ne gagne pas! Mais on a appris à compenser avec de la combativité et un jeu collectif juste. Réaliser 21 assists et ne perdre que 16 ballons le jour d'une finale, il faut le faire!»
Le regard sur les évaluations est éloquent: 108 pour Université et 93 pour Troistorrents. La grande différence, c'est que l'Américaine Crisman (53) fournit plus de la moitié des points valaisans, là où cinq filles se partagent la majeure partie du boulot du côté neuchâtelois (Charlier 26, Rol 23, Turin et Hicks 21, Crélot 16).
«On a fait un bon dernier quart, c'était très important de ne pas craquer après l'égalisation de Troistorrents», souriait Caroline Turin. «En seconde période, Sophie et Cameo ont pu ressortir des ballons pour d'autres filles, qui en ont bien profité. On a une nouvelle fois démontré la force de notre collectif. Le jeu en équipe est la marque de fabrique de Neuchâtel! Cela a bien marché pour moi, mais je suis surtout contente de la victoire. Je rêvais de gagner la Coupe de Suisse depuis toute petite!»
Sourire rayonnant aussi pour Alexia Rol. «Mon quatrième quart a été... magnifique! J'ai tout donné en défense et j'ai eu ma récompense en attaque! Je ne me suis pas posé de questions... et c'est entré! Je n'ai jamais pensé que j'étais en train de faire tourner le match. J'ai simplement répondu présent à un moment difficile, comme d'autres filles l'avaient fait avant. La mise au vert a été bénéfique, elle nous a toutes remises ensemble.» / PTU
TROISTORRENTS - UNIVERSITÉ NEUCHÂTEL 80-93 (21-31 25-20 19-14 15-28) Fribourg (Sainte-Croix): 1200 spectateurs. Arbitres: MM. Michaelides et Sani. Troistorrents: Volpe (5), Kershaw (3), Kellogg (3), Crisman (33), Guy (11); Depraz (18), Bovard (6), Dealbi (1). Université: Charlier (25), Hicks (21), Bovykina (4), Crélot (8), Turin (19); Rol (14), Slaviero (2), Schmied (0). Notes: Université sans Kurtosi, Raboud ni Eppner (blessées). Troistorrents au complet. 4e faute antisportive à Guy. Sorties pour cinq fautes: Kershaw (34?38??), Rol (38?54??), Crisman (38?59??) et Depraz (39?31??). En chiffres: Troistorrents réussit 50 tirs sur 91 (54,9%), dont 22 sur 43 (51,2%) à deux points, 4 sur 17 (23,5%) à trois points et 24 lancers francs sur 31 (77,4%); 40 rebonds (15 offensifs, 25 défensifs); 16 assists; 17 balles gagnées, 27 balles perdues; 21 fautes personnelles. Université réussit 52 tirs sur 84 (61,9%), dont 27 sur 43 (62,8%) à deux points, 7 sur 17 (41,2%) à trois points et 18 lancers francs sur 24 (75%); 21 rebonds (3 offensifs, 18 défensifs); 21 assists; 18 balles gagnées, 16 balles perdues; 24 fautes personnelles. Tableau: 5e: 7-18; 10e: 21-31; 15e: 30-37; 20e: 46-51; 25e: 52-57; 30e: 65-65; 35e: 70-76.