«Côté qualité, ça va jouer, confirme Jean-Pierre Kuntzer, vigneron-encaveur à Saint-Blaise. Mais côté financier, vu la quantité, ce sera un peu maigre.» Les viticulteurs neuchâtelois, rappelle-t-il, coupent beaucoup de grappes avant les vendanges pour augmenter la teneur en sucre, c'est-à-dire la qualité du raisin. Une évaluation qui ne tient pas compte de grosses pertes ultérieures.
«Chaque année apporte son lot de variations et d'incertitudes, commente Eric Beuret, philosophe. L'art du vinificateur est d'en tirer le meilleur.»
Autrement dit, après une série de millésimes exceptionnels (2000, 2003, 2005), où il était moins difficile de faire du bon vin, Jean-Pierre Küntzer reconnaît que c'est une année qui avantage peut-être «ceux qui ont un peu plus de doigté». Mais si le travail de la vigne en août-septembre et la récolte étaient «un peu délicats», les encaveurs qui ont mis en cuve des moûts sains pourront en tirer de beaux vins.
Au chapitre des spécialités, la météo douce et humide de ces dernières semaines n'aura guère favorisé les vendanges tardives. L'an dernier, Jean-Pierre Kuntzer avait récolté à la mi-novembre, avec 158 degrés oechslé, le pinot gris destiné au surmaturé avec lequel il a obtenu la distinction «The Best of Expovina 2006». Autrement dit le premier prix parmi 151 surmaturés suisses et étrangers présentés en août à Zurich. Cet automne, face au risque de pourriture, il a déjà dû vendanger le raisin voué à ce «Saint-Sébaste Câlins d'automne», à 110 degrés oechslé.
Pas grave, mais il s'agira d'en augmenter la concentration de sucre par une congélation des baies, avant d'en extraire le jus. Une technique qui figure d'ailleurs sur l'étiquette des bouteilles de l'oenologue saint-blaisois, même s'il avait pu se contenter d'une surmaturation sur cep l'an dernier. D'autres vignerons neuchâtelois obtiennent leur vin doux par un séchage des grains. / AXB