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Une «menina» de quatre-vingts ans

28 avr. 2009, 11:47

On a coupé ses longs cheveux. Elle ne fait plus sa longue tresse enroulée en chignon. Plus facile pour l'entretien, nous dit-on. Difficile de ne pas sentir un pincement lorsqu'on la voit dans cet endroit pour la première fois. La grand-mère qui, il y a encore un an, nous accueillait dans sa maison. Qui semblait inchangée à chaque année qui passait. Maintenant, ses pas sont incertains. La canne est devenue sa compagne.

Malgré les efforts pour ne pas céder, la vieillesse a fini par la rattraper. Bien sûr, son visage, au teint halé, arborait déjà les sillons des années passées au travail dans les champs. Les quelques filets blancs dans ses cheveux n'arrivaient pas à faire pâlir le noir de jais dominant. Elle continuait à vivre seule dans sa petite maison, à attendre la visite annuelle de ses enfants et petits enfants. Sans plaintes. Sans revendications. Jusqu'à l'inévitable moment où le corps commence à lâcher. Des jambes, peu sûres d'elles, refusent de gravir des marches. Des chutes desquelles elle ne peut se relever. Personne n'est là pour l'aider.

Adieu la petite maison et ses escaliers. Le home est là pour y pallier. Quelqu'un sera toujours là pour la relever, pour lui faire à manger, pour la laver. Pour lui dire à quelle heure se lever, à quelle heure manger, à quelle heure se coucher. Bien sûr, elle n'est plus seule. Elle a même retrouvé des gens de son village. Mais d'un seul coup, paradoxalement, elle fait comme un bond en arrière dans le temps. Une grand-maman de plus de quatre-vingts ans que les employés appellent «menina*» et pour qui l'on décide, comme une enfant.

*petite fille ou mademoiselle

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