Retour en 2002. Cet été-là, le syndicat découvre que son secrétaire puise dans la caisse avec la complicité du comptable de la section. Ils sont renvoyés séance tenante (et condamnés depuis lors par un tribunal de première instance). Ce fut le cas le plus grave de malversation qu'ait connu le syndicat, assure Vasco Pedrina, en ajoutant: «Nous nous devions d'intervenir. De faire «piazza pulita!» Or, constate l'ancien président d'Unia, «pour la première fois dans ce genre d'affaires, nous n'avions pas le soutien du comité de section». Sa loyauté envers l'ancien secrétaire paraît à Vasco Pedrina plus forte que le devoir de transparence envers la centrale du syndicat. Cette dernière enjoint alors à ses employés de couper les ponts avec «les deux malfaiteurs». La plaignante n'obtempère pas et s'érige contre la direction du syndicat. Alors qu'elle décline le poste de secrétaire syndical, elle entre en conflit avec celui à qui est finalement promise la charge. Pour, en fin de compte, briguer ce mandat en dernière minute. Le lendemain, la plaignante recueille 4 votes, contre 12 abstentions et zéro bulletin au candidat officiel de la direction. Déjà tendu, le climat s'envenime jusqu'au point de non-retour.
Parce qu'on craint que des dossiers liés aux malversations ne disparaissent, la permanente est mise à pied durant quelques jours, ainsi qu'une seconde collaboratrice (laquelle restera fidèle à son employeur). Vasco Pedrina, qui n'a vu qu'une seule fois la plaignante, a donné son feu vert. D'autant qu'un ou des inconnus sont entrés dans le système informatique avec le mot de passe des auteurs des malversations. Au retour de la permanente, le conflit ne désenfle pas et sa loyauté est contestée par la direction. Elle est finalement licenciée avec effet immédiat. Certaine d'être mobbée, la plaignante sombre alors dans une profonde dépression, qui nécessitera peut-être une expertise psychiatrique. L'audience reprendra le 11 décembre. /STE