Sophie Charlier sait tout faire. A témoin son «triple double» lors du troisième match contre Martigny (11 points, 12 rebonds, 10 assists).
Antenne-relais du coach Thibaut Petit sur le terrain - «Je partage totalement sa philosophie du basket» -, l'internationale du plat pays a pour mission de «rendre les autres filles meilleures. Je travaille dans l'ombre et cela me va bien. Je suis également là pour progresser moi-même (dribbles, shoots).»
Pas irremplaçable, dit-elle. Mais pas remplacée non plus quand elle manque à l'appel. «Caroline Turin ne va pas pouvoir prendre dix ans d'expérience d'un coup», lance Sophie Charlier. «Mon job n'est pas repris par une seule joueuse, mais chaque fille est capable d'amener un peu de ce que j'apporte. Je ne suis donc pas irremplaçable...» Têtue, en plus. «Avec ma voix et ma présence, même depuis le banc, je peux amener quelque chose à mes coéquipières!»
Existe-t-il un style Sophie Charlier? «On me dit souvent que je suis quelqu'un de particulier, mais on me dit aussi de ne pas changer», sourit la Wallonne. «Je ne fais pas vraiment attention à l'image que je dégage, je suis entière, j'aime rire et chanter... Je ne sais pas si c'est un style, mais c'est moi! Et apparemment, ça plaît au groupe!»
A 26 ans, la Belge voit ses belles années approcher, comme on dit. Et Neuchâtel, une escale, un terminus, un tremplin? «J'ai passé l'âge de faire des plans, mais je ne ferme la porte à rien», souffle Sophie Charlier. «Je me sens bien à Université, je vais peut-être rester dix ans ou partir en juin 2009... Mais si le club continue de grandir, pourquoi aller voir ailleurs? La qualité du championnat ou le salaire en fin de mois ne sont pas les critères les plus importants.»
Université a goûté à l'Eurocup et, gros gourmand, en redemande. Mais l'appât (pour le recrutement) est à double tranchant. «J'ai reçu des offres en provenance de Suisse et de l'étranger», reconnaît-elle. «Les bonnes statistiques en Coupe d'Europe ne laissent pas les clubs indifférents... Je suis restée pour la qualité de vie, le basket que l'on joue et le relationnel avec l'entraîneur, le président, le public... C'est comme ça que je conçois une carrière professionnelle. S'il n'y a pas de bons rapports humains, ce n'est pas la peine.»
Université est un club qui vise très haut. Parfait pour une battante comme Sophie Charlier. «Je veux avancer. Rester pour refaire ce que j'ai déjà fait ne m'intéresse pas! Si l'on ne progresse pas, on régresse.» Le président Jelmi parle d'Euroligue dans trois ou quatre ans. Utopique? «Il faut voir grand», glisse la Belge. «Avoir un rêve n'est pas plus mal pour aller de l'avant... Et avant que l'homme n'y pose le pied, qui aurait cru un jour que l'on marcherait sur la lune?» / PTU