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Un vrai génocide intellectuel

Rien n'est jamais improvisé avec Christoph Blocher. Et les propos tenus mercredi à Ankara ne sont qu'un épisode de plus dans la longue liste des dérapages outranciers dont notre ministre de la Justice et de la Police est coutumier.

06 oct. 2006, 12:00

Remettre en question l'application de la norme antiraciste lors d'un voyage officiel en Turquie, alors que deux ressortissants de ce pays font justement l'objet d'une procédure pénale à ce titre, relève autant de l'inconscience que de la traîtrise!

Trahison envers le peuple tout d'abord, lequel a adopté en 1994 l'article 261 bis du Code pénal suisse afin de permettre des poursuites contre toute personne se livrant publiquement à la négation de l'Holocauste nazi, mais de TOUS les autres génocides aussi, à l'instar du Cambodge ou du Rwanda.

Trahison envers le Conseil fédéral ensuite, qui, s'il n'a pas explicitement reconnu le génocide turc contre le peuple arménien - on estime à un million les victimes de l'Empire ottoman en 1915 - n'en a pas pour autant écarté l'hypothèse, laissant le soin aux historiens de trancher.

Trahison envers les institutions suisses et cantonales enfin, puisque tant le Conseil national que le Grand Conseil vaudois ont déjà reconnu la réalité de ce génocide.

Que Christoph Blocher critique l'existence et l'application de la norme pénale sur le racisme est acceptable, mais qu'il le fasse dans le cadre d'un débat ouvert, dans son parti, avec ses pairs ou lors d'une joute politique. Mais en aucun cas en tant que conseiller fédéral en visite officielle.

Ce n'est pas à lui de critiquer des lois suisses existantes hors du pays ou d'estimer à qui le droit s'applique ou non en fonction de son humeur ou de ses penchants idéologiques.

L'UDC a toujours combattu cet article 261 bis, donc souhaité sa disparition, en arguant des difficultés d'application ou des restrictions à la liberté d'expression.

Ces mêmes arguments fallacieux qui n'avaient pas séduit le peuple à l'époque; aussi vrai que diffamer ou injurier autrui n'a jamais été autorisé. / MSa

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