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Un Nippon devenu Chaux-de-Fonnier par amour des montres suisses

Au début des années 1970, ses montres à quartz ont fait trembler l'industrie horlogère suisse. Trente ans plus tard, le Japon, aujourd'hui à l'ombre de la Chine, vient prendre des leçons en Suisse. Au Cifom, les délégations asiatiques se multiplient. Portrait de Takahiro Hamaguchi, un Nippon devenu Chaux-de-Fonnier par amour de l'horlogerie. Shimonoseki, au milieu des années 1990. Un jeune garçon, penché sur une carte de la Suisse, rêve de «la vallée mythique». Découverte dans un des tout premiers magazines horlogers publiés au Japon, l'Ecole technique de la vallée de Joux fascine Takahiro Hamaguchi, passionné «des petits mécanismes». A l'époque, le Japon ne compte encore aucune école d'horlogerie. Takahiro sait que son destin est en Suisse. Pas découragé par les réponses négatives de l'école mythique à ses deux premiers courriers, il quitte son Japon natal «sans aucune assurance» en 1996.

12 juin 2007, 12:00

Il a tout juste 19 ans lorsqu'il débarque à Neuchâtel. Là, surprise, il découvre le «moyen-âge» technologique. «J'ai été frappé de voir les gens utiliser de gros téléphones portables, très coûteux, alors qu'au Japon, on les donnait déjà. Idem avec les automates qui ne rendent pas la monnaie... Une chose inimaginable au Japon.»

Après deux ans de cours intensifs de français, il adresse un troisième courrier à l'Ecole technique de la vallée. Son obstination séduit. Il y restera trois ans. Fait un apprentissage d'horloger rhabilleur, y rencontre sa femme, puis enchaîne au Cifom, d'où il sort en 2003 avec un diplôme de technicien en horlogerie sur montres compliquées, soit le plus haut niveau de formation. «Mes parents m'ont toujours soutenu... mais je pense que ça a dû être une bonne surprise que je réussisse!», confie-t-il aujourd'hui. Au Japon, des études dans une université privée coûtent facilement trois fois plus cher... En fait, j'ai fait des économies en venant en Suisse!»

Depuis, deux écoles d'horlogerie se sont ouvertes au Japon, sous l'impulsion d'une association d'importateurs. «On n'y forme pas des horlogers, mais des réparateurs, histoire d'assurer le service après-vente des montres suisses. Peu de sociétés ont des succursales au Japon, qui représente le 1/10e des importations horlogères suisses,» rappelle-t-il.

L'idée d'une «ombre chinoise» l'amuse doucement. «On ne peut pas parler de concurrence: la plupart des montres Seiko sont fabriquées en Chine! Le Japonais essaie d'explorer une voie où ni la Chine ni la Suisse ne va. Le système Spring Drive développé par Seiko, en est la preuve. Cette montre mécanique, réglée par un quartz, sans aucun accumulateur d'énergie électrique, représente une sorte de révolution douce. Seiko a planché dessus 30 ans. Ce qu'on fait en Suisse, ce n'est pas la révolution, mais une évolution dans la continuité.» Quant au risque que la production haut de gamme soit délocalisée en Chine... «Quel collectionneur voudrait d'une montre haut de gamme made in China? Et pourquoi pas une Ferrari?!» /SYB

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