Philip Roth a pour qualité majeure une grande franchise, qu'il exerce avec une aisance manifeste. D'ailleurs, il n'est certainement pas un convive des plus plaisants, car il doit dire tout haut ce que certains pensent tout bas, et ne prendre de gants pour personne, même pas ses hôtes Il en va de même lorsqu'on lit ses textes: on en prend pour son grade, rien ne nous est épargné!
En l'occurrence, l'âge venant, son personnage se retourne sur sa vie, sans complaisance, conscient de ses réussites aussi bien que de ses erreurs - ou de ce que sa nature lui a imposé, sans qu'il y résiste véritablement. Et conscient, surtout, de ce que les années accumulées lui apportent de problèmes physiques et de douleurs pas toujours supportables. Dieu pour lui n'existe pas, ce n'est que le fruit de consciences angoissées, la mort qui approche est donc une fin sans rémission, qui ne laissera que des os au fond d'un trou. Pourtant, pas de désespoir définitif, tant qu'il y a de la vie Ultime cadeau de l'auteur à son personnage, il va mourir sans s'en rendre compte.
«Un homme»Philip Roth
Ed. Gallimard
192 pages/font>