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Un «docteur subtil» honoré

Hôte de marque, samedi, au Dies Academicus: le ministre italien de l'Intérieur Giuliano Amato est venu en personne recevoir son titre de docteur honoris causa Mais non: l'impressionnant déploiement de forces de sécurité, samedi matin, à l'Université de Neuchâtel, n'était pas là pour contenir d'éventuels débordements estudantins. En fait, si la zone des Jeunes-Rives était quadrillée par des gendarmes, mitraillette au poing, et des voitures de police, c'est parce que le ministre italien de l'Intérieur, Giuliano Amato, était attendu au Dies Academicus pour y recevoir un doctorat honoris causa. Et au beau milieu des discours, ce n'est pas tant le personnage, plutôt discret et réservé, que son escorte de gardes du corps qui a remué une aula des Jeunes-Rives bondée.

06 nov. 2006, 12:00
«Ce doctorat m'amène à penser à ce que j'ai fait durant ma vie»

Deux fois premier ministre, ministre à moult reprises, surnommé parfois «Dottor Sottile» (Docteur subtil), Giuliano Amato est aussi un grand spécialiste de droit constitutionnel. Et c'est à ce titre qu'il était honoré samedi par l'alma mater neuchâteloise, grande pourvoyeuse de constitutionnalistes avisés. Quant à savoir si l'honneur était pour le ministre ou pour l'Université, Giuliano Amato répondait aimablement «pour moi, bien sûr», en même temps que le doyen de la faculté de droit, Pascal Mahon, s'empressait de répondre que non, bien sûr que non, que c'était «un grand honneur pour Neuchâtel!»

Echange de politesses, de sourires, serrement de mains: l'homme politique italien, toujours aimable, répondait gentiment à tous ceux qui l'abordaient, mais toujours sous haute surveillance. «J'admire votre engagement, je suis un Européen convaincu», lui confiait un participant au Dies. «Merci, merci beaucoup.» Quant à la journaliste qui lui demandait quel aurait été son choix s'il avait dû se décider entre carrière académique et vie politique, il répondait tout aussi aimablement que les deux voies lui étaient indispensables: «La carrière politique, je l'ai faite pour comprendre les institutions de l'intérieur. C'est le but de mon engagement.»

Et ce doctorat, que couronne-t-il? «Il m'amène à penser à ce que j'ai fait durant ma vie, à regarder en arrière. Cela a sans doute quelque chose à voir avec le fait que je deviens vieux...». Mais au fait, Amato était-il un brillant étudiant? «Oui, je crois qu'on peut le dire... » Même le gorille tout près de lui, celui avec l'oreillette, a souri!

Une escorte chasse l'autre

Quant au recteur Alfred Strohmeier, il relevait en remettant au ministre son rouleau bleu que Giuliano Amato avait contribué de façon «majeure» au développement du droit constitutionnel comparé et du droit européen et qu'il avait oeuvré «à la connaissance et au rapprochement des peuples.» Des qualités qui ont notamment fait de lui un politicien hors normes, capable de dépasser les clivages politiques et de rapprocher les antagonistes, mais aussi un éminent juriste: il est, avec Valéry Giscard d'Estaing et Jean-Luc Dehaene, l'un des pères de la Constitution européenne. Il enseigne d'ailleurs encore, à Florence et à New York, malgré un agenda... de ministre: vendredi, il était aux Etats-Unis, puis à Naples, et samedi il est arrivé à Neuchâtel sous escorte policière. Double escorte, puisque celle-ci, vaudoise au départ de Payerne, était neuchâteloise à l'arrivée. Le fédéralisme, c'est ça aussi. /FRK

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