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Sommaruga dans les remous migratoires

15 févr. 2011, 12:34

La politique migratoire n'est jamais longtemps au repos. La signature, hier, d'un accord de «partenariat migratoire» avec le Nigéria n'empêche pas l'arrivée de nouvelles turbulences. Notamment en relation avec la ligne dure adoptée par le Parti libéral-radical, qui trouve déjà des échos au Parlement. Les milieux d'aide aux réfugiés s'inquiètent. Mais Simonetta Sommaruga est bien décidée à restaurer - sans précipitation - une politique équilibrée et «crédible».

Des difficultés apparaissent dans le domaine de l'asile et tiennent, cette fois, au PLR. Car, dans les thèses adoptées samedi par les délégués du parti (malgré la fronde de délégués romands) figurent notamment deux propositions également déposées au Conseil national - et déjà approuvée en commission. L'une d'elles veut interdire le regroupement familial dans le cas de réfugiés reconnus, une autre propose un délai de dix ans avant qu'un réfugié reconnu obtienne un permis d'établissement.

Là, l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (Osar) a publié une expertise, pour contester le bien-fondé de ces deux textes. Lorsqu'un réfugié est reconnu comme tel, dit l'Osar, c'est qu'il ne pourra pas rentrer dans son pays dans un avenir prévisible et qu'il doit s'intégrer. Au nom du respect des droits fondamentaux, le regroupement familial doit donc lui être accordé. Le même raisonnement vaut pour l'octroi d'un permis d'établissement après cinq ans, et non dix comme le réclame le PLR.

S'agissant de deux initiatives parlementaires, la commission analogue du Conseil des Etats doit aussi se prononcer avant que le dossier passe devant les conseils eux-mêmes. Ce ne sera pas le cas dans l'immédiat. En attendant, cette commission des Etats a renvoyé au Conseil fédéral son projet de révision du droit d'asile (la onzième en moins de 30 ans). Motif: les propositions faites en vue d'accélérer les procédures ne permettent pas d'atteindre ce but: il faut revoir la question.

L'occasion pour Simonetta Sommaruga de préparer un nouveau projet qui porte sa marque, et non celle de ses prédécesseurs à Justice et Police. Selon elle, un requérant d'asile ne doit pas attendre un à deux ans jusqu'à une décision soit prise sur son sort: «Nous entretenons l'espoir de personnes placées dans une situation difficile, dans un pays qu'elles ne connaissent pas, pratiquement sans ressources et sans pouvoir gagner un peu d'argent: c'est une atteinte à leur dignité».

Les économies faites sur la durée des procédures, dit-elle, seraient «bien mieux utilisées» pour l'aide au retour, le soutien dans les pays de provenance ou pour l'intégration des réfugiés reconnus (qui ne sont que 20% à travailler, ce qui est «intenable»). Cela fait partie des défis à relever pour surmonter la «crise de crédibilité» que connaît la politique d'asile, dans la mesure où elle n'est «pas suffisamment soutenue par la population», dit-elle.

Mais il faudra du temps. Depuis bientôt 30 ans, estime-t-elle, «on cherche à serrer la vis et diminuer l'attractivité de la Suisse, mais ça n'a pas renforcé la confiance de la population: aujourd'hui, le mot asile est trop souvent associé aux abus, pas assez à la solidarité».

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