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Signer le clash des signes

Le quatrième Festival de danse contemporaine de Neuchâtel a proposé diverses facettes du corps dansé. Entre spectacles lents et troublants et performances de rue sportives et ludiques. Ivresse du mouvement Assis en tailleur en prise avec la sueur et la lenteur de Célina Chaulvin, à genoux en train de rechercher votre corps dans le reflet de Mike Winter, en face d'une fontaine devant Foofwa d'Imobilité en culotte jaune: la danse condense et démultiplie le rôle de spectateur. La quatrième édition du Festival de danse contemporaine de Neuchâtel a interrogé le corps de celui qui regarde, sa position, son rôle, son rapport au mouvement, à la déambulation, au repos. Six spectacles, trois performances de rue et une exposition vivante. La photographie chorégraphique proposée par Jo Cuche et François Nyffeler s'est révélée intense et séduisante.

25 juil. 2006, 12:00

On regrette que le public neuchâtelois ne se laisse pas plus captiver et happer par la profondeur esthétique du corps dansé et par la profondeur éthique des thématiques défendues. Lecture subjective de fragments d'une quinzaine riche en contredanse comme «la contrevie» de Philip Roth, sorte de sublimation de son art sans craindre la souffrance, le rejet et la mort.

Quête d'enfance

«Les gens manquent de gravité. Tu ne trouves pas?» Assise dans le hall de la gare une bière à la main, toute menue, toute fragile, toute combative, la Lucernoise Irina Lorez vient de diriger d'un regard bienveillant une dizaine d'élèves au milieu du tumulte des départs et des arrivées. Dans «Bag-gare», les stagiaires danseurs recherchent leur rythme intérieur, comme s'ils s'engouffraient dans le compartiment exigu de leur conscience. Une jeune femme à l'écart du groupe frappe par la force de son imaginaire, par la profondeur étrange et singulière de cette main qui caresse son nez.

Sillonnant les rues, Foofwa d'Imobilité a choisi de montrer un versant plus ludique, plus sportif, plus extraverti de la discipline, en tout cas à la place Pury et sur l'esplanade du Mont-Blanc. La danse comme un espace de jeu, de communion, de délire, de quête d'enfance. Mais son duo avec Maud Liardon se révèle particulièrement touchant à la rue des Chavannes et sur la passerelle de l'Utopie où les corps se courbent et se cabrent en harmonie pour dire l'histoire d'un lieu ou un amour qui tombe à l'eau. De la danse qui raconte des histoires et se love dans le jaune de la pierre.

Mouvements mécaniques

Dans «Phos», le solo de Célina Chaulvin, la progression au sol fascine par l'évolution minutieuse de chaque partie du corps. La danseuse travaille les contrastes de l'éveil, puis la sensualité, mais de façon diffuse, énigmatique. Elle livre une approche du corps cotonneuse, précise comme un phrasé éloquent et en rupture. On se remémore cette phrase de Jean-Luc Nancy dans «Allitérations»: «Un danseur en solo est sans doute le seul artiste qui rassemble entièrement sur lui le moyen, la forme, la fin, l'instrument». Dans «Dolls live», l'exposition dansée de Nicole Seiler, Célina Chaulvin improvise en sous-vêtements et talons aiguille et, malgré des mouvements mécaniques, érotise le propos avec vigueur. Même si «Reflecting Female Bodies» de Sandra Schöll ne restera pas comme le plus grand spectacle présenté, il aura tout de même permis de découvrir la fougue absurde, l'intensité rageuse et lyrique de la danseuse Ewelina Guzik.

Le souffle des danses ne s'estompe pas. / ACA

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