Alain Geiser, vous êtes entré à l'arsenal, en 1969, comme officier d'habillement. Des souvenirs?
A.G.: C'était l'époque des inspections dans les communes. Et à la fin des cours de répétition, l'officier d'habillement passait dans toutes les compagnies avec un camion-remorque, une espèce de magasin roulant, pour remettre en état les tenues et le matériel des hommes. Je me souviens aussi avoir dirigé le traitement des chaussures à l'entrée à l'école de recrues. Les gars les massaient pendant un demi-jour pour les assouplir.
L'habillement a beaucoup évolué depuis...
A.G.: Comme recrues, nous touchions pour l'exercice des tenues d'ordonnance 1914. On usait le matériel jusqu'à la corde. Le confort, la qualité se sont beaucoup améliorés. Aujourd'hui, les gars travaillent en T-shirt l'été; à l'époque, on n'osait même pas enlever la veste.
Depuis 1969, des milliers de Romands ont transité par la caserne de Colombier. Une image particulière?
A.SG.: Ce qui me marque le plus, c'est le changement des mentalités, reflet de l'évolution de la société civile. Il n'y a plus le même respect du matériel, les mêmes valeurs. On essaie d'économiser l'énergie, mais des fenêtres restent ouvertes lors du départ en week-end. Tout le monde dit que l'Etat coûte trop cher, qu'on paie trop d'impôts, mais on ne fait pas grand-chose soi-même pour y remédier. L'intendance rencontre toutefois moins de problèmes depuis que l'école de recrues a été remplacée par une école de cadres à Colombier.
Armée 95 et XXI, restructurations de l'Etat: l'arsenal de Colombier a quand même résisté, tant bien que mal, à toutes ces réformes.
A.G.: La présence de la place d'armes voisine a permis de sauver le poste de rétablissement de Colombier, malgré des diminutions d'effectifs. Réductions que nous avons d'ailleurs toujours essayé d'anticiper plutôt que subir, pour limiter au maximum les licenciements. Parallèlement, pour compenser la baisse des activités en faveur de la Confédération et de l'armée, nous avons développé depuis dix ans d'autres collaborations. Nos mécaniciens s'occupent des véhicules d'une quinzaine de services de l'Etat, de véhicules de pompiers et de police communaux, ainsi que des machines de jardin de l'hôpital de Perreux. / AXB