L'horlogerie ne peut pas se passer de formateurs. De plus, «beaucoup d'entreprises ne forment pas, même si elles se mettent à réfléchir», dit Paul-André Hartmann. Neuchâtel est un «des cantons en Suisse où les entreprises sont très peu formatrices». Les annonces dans la Feuille officielle et la presse régionale n'ont pas suffi. Pas davantage que les réseaux des enseignants et des anciens élèves. Aujourd'hui, l'école compte 148 élèves dans le secteur horloger, dont 120 à plein temps pour cette branche seule. Il y a 140 candidats pour 36 places en 1re année. Du coup, l'Ecole technique a besoin d'enseignants dans le domaine. «L'image de l'horloger monte, pas celle de l'enseignant», déplore Paul-André Hartmann. Sans compter que «le marché est très compétitif».
Comment séduire les vocations? «Quelques années d'expérience en entreprise suffisent. Après, c'est un deuxième métier qui s'apprend. Le futur enseignant est accompagné. C'est aussi une étape dans sa carrière», dit Joël Perret. Les postes sont ouverts à des candidats compétents et ouverts. Et le sous-directeur de préciser: «Aujourd'hui, dans la formation professionnelle, on ne devient pas enseignant pour la vie. ça peut être une forme de reconnaissance dans une société où on a besoin de gens de plus en plus qualifiés». Par ailleurs, si les salaires sont difficilement comparables à ceux du privé, «nous compensons avec une qualité de vie meilleure».
Pour Paul-André Hartmann, devenir enseignant en horlogerie, «c'est aussi pérenniser un savoir-faire qui a failli disparaître. Le métier d'enseignant a un plus grand but que de faire uniquement des montres. Nous donnons à des jeunes des outils au-delà de la conjoncture. Ce que nous avons appris a tellement de valeur qu'il faut le transmettre».
«Il faut aimer le contact avec les autres, c'est aussi fondamental», renchérit Joël Perret, qui y voit également une responsabilité «de former un bon professionnel. Autant les entreprises font de la haute horlogerie, autant nous devons avoir une formation de qualité. Il n'y a pas de service après-vente à l'école».
Le Cifom n'est pas le seul à connaître cette situation. La vallée de Joux et Porrentruy ont les mêmes difficultés. «Nous avons réagi plus vite à l'environnement», commente Paul-André Hartmann en faisant allusion au doublement des classes d'horlogerie. «C'est peut-être pour ça que nous prenons le choc en premier.» / DAD