On attendait, en revanche, plus de retenue de la part de l'expert mandaté, l'économiste Willy Oggier. Il était censé, comme scientifique objectif, analyser les avantages et inconvénients du changement de système proposé. Or, il se borne à mentionner - succinctement - les arguments des partisans. Les dix thèses contre la caisse unique qui découlent de l'étude sont d'ailleurs parfois surprenantes. On disserte sur la prime unique et l'absence de subventions publiques (alors que l'initiative n'en parle pas) ou sur la hausse des coûts et les menaces de rationnement, comme si le système actuel y échappait. Quant à la concurrence, elle est justifiée par le fait qu'«on peut changer de caisse». Mais si on change, c'est pour des primes plus basses, donc en quittant une caisse qui couvre trop de mauvais risques. Mais quelqu'un devra bien payer la différence: ce n'est pas une économie, c'est un transfert. Autre argument: l'échec programmé de la gestion tripartite de la caisse unique, basée sur la recherche de consensus dans l'intérêt général. Mieux vaut, selon l'expert, la bonne vieille guerre de tranchées entre assureurs, prestataires de soins et cantons. S'il fallait, en plus, y impliquer les assurés Curieux aussi, le reproche à la caisse unique de «tout compliquer». Par exemple en découplant l'assurance de base des complémentaires. Les assureurs, qui ont toujours juré qu'ils séparaient soigneusement les deux, craignent-ils soudain de ne plus disposer des données de la première pour fixer les primes des secondes?
Il n'y a pas de remède miracle et on peut discuter de tout, y compris avec des experts scientifiques.
Mais la prestation d'hier montre en tout cas que la caisse unique n'est pas un faux débat. / FNu