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Quand une femme aime à la folie

13 avr. 2007, 12:00

Le troisième long métrage du cinéaste Michel Spinosa réactualise de façon très crédible l'un des cas les plus célèbres de la psychanalyse alors encore balbutiante. Soignée en 1881 par Joseph Breuer, la dénommée Anna O. s'éprit de son praticien, à tel point que ce dernier fut contraint d'interrompre le traitement. Frappée d'une crise d'hystérie, sa patiente simula l'accouchement d'un enfant dont Breuer était soi-disant le père?

Le réalisateur de «La parenthèse enchantée» (2000) transpose ce cas d'érotomanie en France, à notre époque. Célibataire solitaire, Anna M. (Isabelle Carré impressionnante) restaure des livres anciens à la Bibliothèque nationale. Un soir, elle se jette sans raison apparente contre une voiture. Blessée, elle est amenée à l'hôpital où le docteur Zanevsky (Gilbert Melki) l'ausculte pour établir son diagnostic. Toutes professionnelles, les palpations du médecin la plongent dans un état second. Elle en ressort follement (au sens psychiatrique du terme) amoureuse, au point de prendre le verdict médical pour une véritable déclaration d'amour.

Rétablie, Anna M., en proie à une psychose délirante, interprète le moindre geste comme une confirmation du sentiment qu'elle prête à Zanevski. Absolument sûre de son fait, l'amoureuse commence à harceler le bon docteur. Marié et père de famille, ce dernier déçoit évidemment son attente. Après l'illumination et l'espérance, advient le stade du dépit, bientôt remplacé par un sentiment de haine qui pousse Anna M. aux dernières extrémités. Dans l'une des scènes les plus réussies du film, la malheureuse ira jusqu'à envisager le meurtre de la femme de l'homme qui se refuse à elle?

Très au fait des différentes phases par lesquelles passent les personnes souffrant de ce trouble psychique, Spinosa ne s'en tient pas à une simple description clinique, mais confère à cette «déviance» une dimension fantastique qui évoque le meilleur Polanski. Notre adhésion serait complète, n'étaient-ce quelques allusions mystiques un peu surajoutées, notamment à Thérèse d'Avila. /vad

Neuchâtel, Apollo 3; 1h45
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