Adapté d'une nouvelle de Stephen King, le nouveau film du réalisateur de «La Ligne verte» (1999) emprunte au genre fantastique pour tisser une métaphore post-11 septembre suffocante? Après une nuit de tempête, David Drayton se rend avec son fils dans une bourgade du Maine pour acheter le matériel nécessaire aux réparations. Au même moment, une brume («mist» en anglais) blafarde et inquiétante, se lève du lac voisin et ne tarde pas à envelopper tout le bled. Comme surgies de nulle part, des créatures monstrueuses commencent alors à s'en prendre aux habitants terrorisés. Coincé dans le supermarché local avec d'autres clients, David tente d'unir le groupe pour faire front à la menace mortelle. Loin de se souder, la petite communauté se déchire inéluctablement, par la faute d'une illuminée qui croit l'Apocalypse (enfin) arrivée!
Avec peu de moyens, le cinéaste Frank Darabont nous délivre une fable sur l'Amérique profonde du jour à faire dresser les cheveux sur la tête. Les descendants des glorieux pionniers s'y révèlent en effet bien plus effrayants que les sales bestioles du dehors. Les intégristes hystériques en prennent pour leur grade et pas le moindre happy end en vue! Plus efficace que le récent «Cloverfield» qui surfait sur le même trauma collectif engendré par Ben Laden & Co, son film réussit à susciter un malaise passionnant. Dommage que le cinéaste s'abaisse à donner une explication au phénomène en évoquant des expérimentations militaires un brin faustiennes. Suffisamment accroché, le spectateur pouvait s'en passer! / vad
Neuchâtel, Rex; 2h06