Prise d'assaut pacifique

La gauche syndicale et politique, sans le PS, est montée hier au Château pour demander un vrai dialogue au Conseil d?Etat. Celui-ci rappelle que le projet de budget est son affaire Sans y être invités, une dizaine de représentants de la gauche politique et syndicale neuchâteloise ont pénétré hier vers 11h30 dans l'antichambre de la salle du Conseil d'Etat, au château de Neuchâtel. Cette délégation, dont les socialistes étaient notablement absents, voulait remettre au gouvernement une lettre lui demandant d'ouvrir un véritable dialogue.

14 sept. 2006, 12:00

«J'avais prédit que l'automne serait chaud, eh bien, la saison commence», a souri Sylvie Perrinjaquet, présidente du Conseil d'Etat, qui a brièvement reçu la délégation à l'issue de la séance gouvernementale hebdomadaire. La missive lui a été remise par Rémy Cosandey, coprésident de l'Union syndicale cantonale neuchâteloise (USCN). Même si la conseillère d'Etat est une férue de tomates farcies, pas question de lui en lancer, a ironisé le syndicaliste. Il a même répété plutôt deux fois qu'une que cette prise d'assaut était «pacifique», voire «amicale».

Budget non concerté

L'USCN et ses alliés ont surtout demandé au Conseil d'Etat de tenir «les promesses de dialogue» qu'il lui avait faites en novembre 2005. Elle constate en effet que le budget d'Etat 2007 est quasiment sous toit et qu'il a été élaboré sans concertation. Elle déplore aussi que la résolution contre des mesures budgétaires antisociales, déposée au château à l'issue de la manifestation de rue du 20 mai dernier, n'ait même pas fait l'objet d'un accusé de réception.

Sylvie Perrinjaquet a pris acte de cette lettre. Ce courrier sera transmis au collège gouvernemental, qui verra quelle suite y donner. La présidente du Conseil d'Etat a cependant souligné que la politique salariale a récemment fait l'objet de négociations avec les syndicats et associations du personnel. Pour les autres domaines, le vice-président Fernand Cuche a estimé que «l'élaboration du budget est d'abord le travail du Conseil d'Etat». Et que celui-ci a une marge de manoeuvre et de négociation «très réduite», compte tenu notamment des exigences du frein à l'endettement. Il a relevé que ces milieux de gauche ont des relais au Grand Conseil, auquel le budget sera soumis en décembre.

Rencontre cet automne

Dans sa réponse écrite à la résolution du 20 mai, qui est partie ces jours et a donc croisé la délégation, le chef des Finances Jean Studer affirme que le budget sera présenté publiquement le 27 septembre, «dans le cadre d'une large information, à l'image de celle dont il a déjà fait preuve depuis le début de la législature». Par ailleurs, le Conseil d'Etat «aura vraisemblablement l'occasion d'en discuter» avec l'USCN lors d'une rencontre qui doit être fixée cet automne encore. Pour le Conseil d'Etat, conclut Jean Studer, «l'institutionnalisation de ces rencontres s'inscrit dans le partenariat» qu'il souhaite entretenir «avec l'ensemble de la population et les principaux acteurs du canton».

Pour mémoire, Jean Studer, comme Bernard Soguel, est socialiste. Leur parti attend ainsi la publication du budget «avant de dire quoi que ce soit», précise la secrétaire cantonale Silva Muller-Devaud. Le PS fait certes partie du Groupe pour la cohésion sociale, mais vu sa «position» particulière, il n'a pas souhaité participer à l'organisation des manifs du 20 mai et d'hier. / AXB