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Prévenir plutôt que réprimer pour endiguer la violence des supporters

Les dispositifs policiers et les interdictions de stade ne résoudront pas à eux seuls le problème des supporters violents. Des voix s'élèvent pour une politique qui ne se base pas seulement sur la répression, mais aussi sur la prévention - jusque dans le «kop».

29 déc. 2009, 11:15

«Dans d'autres domaines ce principe est admis, alors pourquoi pas dans le sport?», lance Thomas Gander, directeur de Fancoaching suisse. Avec le «Fanarbeit» de Bâle, il est un des pionniers de la prévention auprès des supporters en Suisse. Il faut des sanctions, admet le travailleur social. Mais, seule, «la répression accentue le  problème».

C'est pourtant cette voie que la Suisse a choisi. En 2006, la loi visant au maintien de la sécurité intérieure a été révisée en vue de  l'EURO 2008. Limitée à fin 2009, elle est remplacée dès le 1er janvier par un concordat intercantonal qui reprend le dispositif. Il prévoit notamment des interdictions de stade, l'obligation de se présenter à la police, voire la mise en garde à vue. Dix-huit  cantons y ont adhéré pour l'heure.

Pour Thomas Busset, collaborateur scientifique au Centre international d'étude du sport (CIES) de l'Université de Neuchâtel, «le fait qu'on ait misé sur la répression a fait changer les attitudes des supporters, qui se sont en partie radicalisés». Déjà observé à l'étranger, le phénomène était prévisible, note-t-il.

Violences dans les ligues inférieures
Les actes violents se sont déplacés dans les ligues inférieures; des personnes interdites de stade ont migré vers des manifestations moins contrôlées. Les violences se sont aussi reportées dans des lieux comme des aires d'autoroutes où des rencontres - fortuites ou planifiées - ont lieu entre ultras au retour de leurs déplacements.

Selon le secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP), Roger Schneeberger, ce n'est pas un effet pervers: «On ne peut pas ne rien faire dans les stades de Superleague de football sous prétexte que la violence se reporte dans les ligues inférieures. C'est comme si on renonçait aux contrôles sur les autoroutes sou prétexte que les excès de vitesse se sont reportés sur les routes de campagne», illustre-t-il.

Travailleurs sociaux dans le «kop»
S'inspirant d'expériences européennes, la CCDJP a présenté à la mi-novembre un concept contre la violence dans le sport. Il prévoit notamment une carte de supporter pour accéder aux matches de ligue  A. Ces mesures vont être discutées avec les autorités et clubs concernés. «Si le besoin se fait sentir en ligue B, nous ferons la même démarche», assure M. Schneeberger.

Le projet de la CCDJP prévoit d'accompagner les supporters lorsqu'ils se rendent à l'extérieur. Cette mesure qui existe déjà grâce aux coachings de fans à Bâle, Berne ou Lucerne. St-Gall, qui a longtemps misé sur la répression, songe également à s'y mettre.

Les travailleurs sociaux chargés du coaching sont présents dans le «kop» et nouent une relation de confiance avec les jeunes, en particulier avec le noyau dur, explique Thomas Gander. De nombreuses discussions et négociations ont par ailleurs lieu avec les  supporters.

Les fans ont un rôle à jouer, il faut que les autorités et les clubs le reconnaissent, estime M. Gander. A Bâle, par exemple, les supporters se sont autorégulés quant aux dégâts matériels.

Engouement sans précédent
Thomas Busset appelle lui de ses voeux «une politique concertée et un travail sur le long terme.» Pour Thomas Gander, il faut se garder des objectifs irréalistes comme éradiquer toute violence. Mieux vaut accompagner le phénomène du supportariat en mettant des limites et en empêchant les extrémismes.

Le football et le hockey connaissent un engouement sans précédent. Pour 2009, en Superleague, on s'achemine vers le million de spectateurs, fait valoir M. Gander. Il faut aussi tenir compte de ces paramètres lorsqu'on constate que les «kops» se sont étoffés ces dernières années. /ats

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