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Peintre et psychiatre, ces paysagistes impénitents

07 août 2010, 10:06

Feu le bon docteur Z se révélait un psychiatre très apprécié des habitants de Bellelay, bien qu'un peu original. Lui, se montrait affable en tout temps et on lui pardonnait son goût pour la peinture. Même que parfois il se prenait pour un «paysagiste de l'âme humaine», disait-il en rougissant à ses patients. Il affectionnait la nature de la région, âpre et simple comme les gens d'ici. Aussi s'était-il empressé d'acquérir une toile du peintre local Sylvère Rebetez.

Un jour du début des années 1980, l'ami B raccompagnait notre personnage en voiture pour l'aider à transporter des colis encombrants. Il entra dans la maison doctorale et se trouva face à un tableau de Sylvère. Un assez grand format. Du haut de ses 18 ans, B reconnut la patte du peintre avec ses aplats de maisons taignonnes agglutinées les unes aux autres dans une sombre diagonale. Mais il resta bouche bée devant la croûte mi-abstraite que quelque chose perturbait violemment et qui n'avait rien à voir avec la conscience de l'artiste mais avec celle du psychiatre. On ne pouvait tout de même pas classer le Sylvère dans la catégorie des peintres hallucinés comme on en trouvait à la galerie des anars du coin. Un soleil emplissait tout le coin gauche du tableau et plongeait ses rayons d'un jaune pétant dans la toile, à la manière des dessins d'enfants.

Voyant la perplexité du jeune homme, le toubib diagnostiqua la chose avec une pointe d'aveu: «Ah ces peintres. J'ai payé ce tableau 8000 balles et c'est encore à moi de le finir!»

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