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Pas de conciliation possible avec Migros

20 mars 2009, 09:01

La tentative de conciliation entre Migros et Catherine Ried, ancienne vendeuse de Neuchâtel qui accuse le géant orange d'inégalité salariale entre hommes et femmes, a échoué hier devant l'autorité de conciliation du canton.

Les deux blocs se sont affrontés durant une heure et demie, sans pouvoir s'entendre. D'un côté, Catherine Ried et son avocat Jean-Michel Dolivo, qui ont martelé, fiches de salaires à l'appui, que l'ancienne vendeuse a gagné durant plusieurs années 300 francs de moins qu'un collègue masculin plus jeune et moins expérimenté, alors qu'ils remplissaient la même fonction (nos éditions des 10 et 16 décembre).

De l'autre côté, des représentants de Migros et leur avocat Jean-Claude Schweizer, qui ont soutenu qu'il n'y avait pas trace d'inégalités salariales au sein de la coopérative, que les deux collègues ne remplissaient pas exactement les mêmes tâches et qu'il était donc normal qu'ils ne touchent pas le même salaire.

«Le collègue de Madame Ried effectuait des tâches de déchargement de camions. Un travail pénible, qui explique pourquoi nous avons valorisé son salaire», explique Laurent Isch, chef du personnel Migros Neuchâtel-Fribourg. La version de Catherine Ried diverge: «Mon travail était similaire à celui de mon collègue. Je devais aussi décharger des palettes de marchandise, ranger les denrées dans les rayons. Peut-être que je portais des charges moins lourdes, mais ces efforts étaient plus fréquents.»

Sur les fiches de paie de 2000 à 2004, les deux collègues avaient clairement la même fonction, à savoir celle de vendeur-magasinier. «Nous reconnaissons qu'il y a un flou malheureux au niveau de la dénomination du travail, et nous nous excusons de ce manque de clarté», a reconnu Laurent Isch. Un flou qui a des conséquences. Catherine Ried souffre aujourd'hui d'une sclérose en plaque; or les rentes AI qu'elle touche sont calculées en fonction de son ancien salaire Migros.

«Pourquoi Migros ne verse-t-elle pas cette somme en admettant qu'il y a un flou? 23 000 francs, ce n'est rien pour ce géant de la distribution!», a lancé Jean-Michel Dolivo durant l'audience de conciliation. «D'accord, ce ne sont pas ces 23 000 francs qui feront faire faillite à Migros», a reconnu Jean-Claude Schweizer. Mais pour lui, le fait de verser de l'argent représenterait un aveu d'inégalité de traitement pratiquée par Migros, ce qu'il conteste. De plus, ce geste constituerait selon l'avocat une brèche devant les «velléités belliqueuses d'autres personnes», et nuirait à l'image du géant orange.

«L'essentiel ici, c'est quoi? L'image de Migros, ou la situation de Madame Ried?», a demandé Isabelle Bieri, présidente de l'autorité. Elle a regretté que la tentative de conciliation ait échoué, malgré sa proposition de soumettre cette situation à un spécialiste de l'Université de Neuchâtel afin de déterminer si les critères de travail entre les deux collègues étaient équivalents ou différents. Proposition rejetée par Migros.

Inconciliables, les deux parties saisiront donc les tribunaux, qui devront déterminer s'il y a effectivement eu discrimination salariale.

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