Oui majeur à la musique

Comme il y a six mois, une majorité des élus refuse que le canton de Neuchâtel renonce à déposer une accréditation pour l'enseignement de la musique dans le cadre HES. Contre l'avis du Conseil d'Etat Le refrain était connu, il a été repris en choeur par une majorité du Grand Conseil neuchâtelois hier. Cinquante-neuf voix - toutes de gauche sauf quatre - ont résonné pour prier le Conseil d'Etat d'aller au bout de ses gammes. Et de poursuivre les travaux en vue du dépôt, d'ici la fin de l'année, d'une demande d'accréditation HES (Hautes Ecoles spécialisées) pour l'enseignement professionnel de la musique.

28 juin 2006, 12:00

C'est une partition sans surprise qui a été jouée dans l'hémicycle du législatif cantonal. Le Conseil d'Etat l'avait dit sur tous les tons: il n'est pas favorable à ce que la Haute Ecole Arc, entité commune à Neuchâtel, au Jura et à la Berne francophone, poursuive cet objectif. Il l'a aussi écrit noir sur blanc, dans le volumineux rapport d'information qu'il a donné à lire aux députés. Où il brosse - ce sont ses propres termes - «un bilan sans concession» de la mise en place de la HE-Arc et de sa première année de vie.

Les élus de droite, dans leur écrasante majorité, suivent le gouvernement dans son constat. A propos de la Haute Ecole dans son ensemble, d'abord. «Ce rapport est inquiétant. Toutes les filières existantes sont fragiles», s'alarme Caroline Gueissaz (PL-PPN). Ensuite au sujet de la musique. «A avoir voulu voir trop grand, notre canton a mal», estime Boris Keller (PRDN). «Nous n'avons plus les moyens de toutes les largesses», renchérit Caroline Gueissaz. «Nous devons avoir le courage de décevoir certains quand la République l'exige», enchaîne Pierre-Alain Storrer (UDC).

Tout autre, évidemment, est le ton à gauche. Supprimer la filière musicale, c'est pour Laurence Boegli (PopVertsSol), «un pari à court terme». Elle y voit un risque de «démantèlement du tissu culturel et de formation» et un «affaiblissement des régions périphériques». Claude Borel (PSN), lui, fait chanter les chiffres. Ceux du rapport du Conseil d'Etat, qui sont aussi ceux «sur lesquels nous nous sommes appuyés»: 2,5 millions de francs en cas d'accréditation HES en 2008. Aux comptes 2005, la filière professionnelle du Conservatoire «pesait» 4,3 millions... Ce qui lui fait dire que «le rapport coût-bénéfice est favorable au canton».

Au nom du Conseil d'Etat, Sylvie Perrinjaquet se borne à répondre aux nombreuses questions posées. Elle confirme sa préoccupation quant à l'avenir de la HE-Arc. Elle répète aussi avec force qu'il n'est pas question d'en faire un satellite d'une des grandes entités romandes, vaudoise ou genevoise. Elle conteste surtout le moindre «signal de désertification culturelle» donné par l'autorité cantonale, en cas d'abandon de la filière professionnelle. «Il y a plus de 2000 élèves amateurs au Conservatoire, qui contribuent aussi à l'offre culturelle.»

Au final, comme lors du débat budgétaire de décembre 2005, c'est malgré tout un désaccord avec la ministre de l'Education qu'exprime la majorité du parlement. Si elle prend bonne note de son rapport et qu'elle accepte de classer le postulat qui en est à l'origine, elle exige quand même que ses services bouclent le dossier d'accréditation. Habituellement confinés à la fosse d'orchestre, les musiciens applaudissent. A la tribune... / SDX