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«On s’intéresse à la fois à l’histoire du patient et au microbe»

Deux infectiologues et leurs équipes prennent en charge les affections causées par des pathogènes. Ils interviennent dans tous les services de l’Hôpital neuchâtelois, en appui aux autres médecins.

09 sept. 2019, 11:34
Le Dr Olivier Clerc (à gauche) et le Dr Alain Bizzini, infectiologues de l'HNE.

«Chez certaines personnes, les symptômes d’une infection sont camouflés. Cela peut être le cas pour des patients sous cortisone ou des seniors, par exemple», rapporte le Dr Olivier Clerc, chef du Service d’infectiologie de l’Hôpital neuchâtelois (HNE).

Son travail n’est pas sans rappeler celui du détective: le spécialiste travaille beaucoup en coulisses, mène des investigations, procède à des analyses.

Son collègue le Dr Alain Bizzini, qui est à la fois microbiologiste directeur au laboratoire ADMed et infectiologue à l’HNE, relève que «dans la même journée, on peut être amenés à voir un jeune adolescent chez qui l’on soupçonne une infection osseuse et une nonagénaire atteinte d’une pneumonie sévère. Nous ne savons jamais à l’avance de quoi nos consultations seront faites.»

L’infectiologie se focalise sur le traitement des maladies causées par des pathogènes (virus, bactéries, champignons, levures), comme les grippes, pneumonies et infections urinaires. Lesquelles sont à l’origine d’un grand nombre d’hospitalisations, avec des causes parfois saisonnières. Selon le Dr Clerc, «la grippe peut être directement ou indirectement à l’origine de la moitié des admissions en période épidémique.»

 Dans ce domaine, les connaissances ont passablement évolué, amenant la profession à devenir toujours plus technique. L’infectiologue est à la fois un conseiller en thérapies antimicrobiennes, une autorité en matière de problèmes infectieux (qui intervient auprès du médecin cantonal quand la communauté est concernée), et un acteur majeur dans la prévention des infections nosocomiales. 

Former et sensibiliser

Référant dans ces domaines pour les autres médecins de l’hôpital, il a aussi pour tâche de sensibiliser et former les soignants, d’intervenir auprès des patients, d’établir des protocoles préventifs et évaluer les pratiques professionnelles.

En parallèle à leurs consultations ambulatoires, les deux médecins du Département de médecine de l’HNE sont à la disposition des collègues des autres départements. «Ils nous appellent pour les cas les plus sévères. Pour les infections banales, ils savent gérer. Ils nous contactent quand ils sont confrontés à des cas inhabituels, des fièvres persistantes ou au retour de voyage ou lorsque l’évolution clinique n’est pas favorable»

Comme tous les organes peuvent être concernés par une infection, les infectiologues sont appelés à collaborer avec l’ensemble des spécialistes de l’hôpital et doivent être capables de s’adapter à des pratiques très diverses. 

Sur tous les fronts

«Nous intervenons dans tous les services et sous-spécialités, de la médecine à la chirurgie, de la gériatrie à la pédiatrie», illustre le Dr Bizzini.  Ils traitent des maladies graves ou complexes, à l’instar des méningites et des infections des valves cardiaques, mais aussi les affections qui surviennent chez des patients à risque, après une chimiothérapie ou pour cause de faiblesse immunitaire.

Comme les soins hospitaliers peuvent être source d’infection, les deux spécialistes s’investissent dans la prévention. L’une des mesures introduites concerne les sondes vésicales, qui ne sont plus utilisées systématiquement, mais au cas par cas pour des indications bien posées. Ils interviennent sur tous les fronts en établissant des protocoles pour diminuer les risques et, cas échéant, traiter une infection nosocomiale.

Germes multirésistants

 Dans le contexte général de la surprescription d’antibiotiques qui induit des résistances aux traitements, tous deux se mobilisent pour sensibiliser leurs collègues médecins aux bonnes pratiques. «Nous avons participé à une étude menée dans les hôpitaux romands pour évaluer comment les antibiotiques sont prescrits. Une collègue du CHUV, à Lausanne, est venue mesurer les pratiques à l’HNE», indique Olivier Clerc.

Non seulement les germes multirésistants peuvent mettre la vie de patients en danger, ils compliquent la tâche des soignants. Par exemple, si une personne transférée à l’HNE provient d’un hôpital où la présence de bactéries résistantes est confirmée, elle sera isolée et dépistée. Le personnel qui la soigne s’astreint à des mesures d’hygiène très rigoureuses pour préserver les autres patients. Il est arrivé aussi en Suisse que des hôpitaux doivent fermer un bloc opératoire ou isoler un étage à cause d’une épidémie liée à un germe multirésistant.

Infections cachées ou atypiques

Les germes peuvent être sournois. Certaines personnes sont colonisées sans symptômes et d’autres peuvent souffrir d’une infection cachée ou atypique.

«L’infectiologue va poser des questions à ces patients pour établir des hypothèses, demander les bons examens. Où sont-ils allés en vacances? Ont-ils des animaux de compagnie? Ont-ils mangé quelque chose de particulier? C’est un domaine passionnant», lâche le Dr Bizzini, «car on s’intéresse à la fois à l’histoire de la personne et au microbe. Puis, on fait la synthèse de nos observations cliniques en s’appuyant sur les résultats du laboratoire de microbiologie qui sont extrêmement précieux pour poser les bons diagnostics».

Pour sa part, le Dr Clerc signale «qu’il nous arrive lors de certaines infections bactériennes de rechercher un cancer du côlon dont l’infection peut être une manifestation précoce».

Prévenir et traiter
Le Dr Olivier Clerc est aussi le coordinateur de l’Unité de prévention et de contrôle de l’infection. Cette entité transversale s’emploie à prévenir la transmission d’agents pathogènes dans les différents secteurs de l’hôpital. Elle comprend une équipe de trois infirmiers qui relayent les bonnes pratiques en matière d’hygiène au sein des équipes.

Outre les deux médecins spécialistes, le Service d’infectiologie compte un médecin assistant, une infirmière spécialisée qui gère la consultation ambulatoire dédiée aux maladies infectieuses chroniques comme le SIDA ou les hépatites virales, et deux secrétaires. Les médecins installés peuvent y adresser leurs patients dont la prise en charge s’avère complexe. 

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