A la tête de la marque Baume & Mercier depuis cinq ans, Michel Nieto a de quoi sourire: cet ingénieur en microtechnique, papa de trois enfants, a su relooker entièrement la marque de Richemont sans monter en gamme, au contraire. «Nous n'avons pas suivi le mouvement de la plupart des marques, qui ont produit des pièces toujours plus chères», explique cet ancien de Swatch Group et d'Ebel, qui a longtemps travaillé dans le canton de Neuchâtel.
Aujourd'hui, avec des modèles dont les prix vont de 1000 à 3000 euros, il estime être «une sorte d'initiateur, de formateur dans le monde de l'horlogerie», permettant à des amateurs de découvrir l'univers du luxe sans forcément débourser pour une montre le prix d'une voiture.
Et la recette semble marcher: «Notre croissance dépasse celle des exportations horlogères», précise-t-il, sans donner davantage de chiffres. «Mais aux Etats-Unis, je peux vous dire que nous avons progressé cette année de 22 pour cent. Mieux: en Chine, nous avons multiplié par 24 notre chiffre d'affaires. Je ne parle pas d'une croissance de 24%, mais bien d'une multiplication.»
Produites par centaines de milliers d'exemplaires (Michel Nieto ne donne pas davantage d'informations chiffrées), les montres Baume & Mercier sont assemblées aux Brenets, où la marque emploie environ 80 collaborateurs. «Nous y sommes à l'étroit. Il a fallu vider le showroom pour installer des horlogers», confie le CEO de la marque. «Nous allons devoir trouver de nouveaux locaux, ou construire, pour assurer notre croissance future.»
Et ce ne sera sans doute pas sur le site actuel: l'ancienne usine Petitjean n'est guère adaptée à une extension. «Mais le plus important, pour moi, sera de conserver le personnel. Nous avons des collaborateurs qui travaillent pour nous depuis 20 ans, et ils sont précieux.»
Au SIHH, Baume & Mercier revisite ses classiques des lignes Hampton et Riviera. «Nos modèles sont destinés moitié aux hommes, moitié aux femmes, avec environ 35% de mouvements mécaniques. Nous avons toujours une image de créateur de tendances», se réjouit Michel Nieto. Qui, pour l'heure, reste fidèle à la marque: «Depuis quelques années, il n'y a plus de jeu de chaises musicales au sein du groupe Richemont. Les marques ont désormais une vraie continuité à leur management, et c'est important. Mais c'est vrai que cinq ans, c'est déjà un bail...» / frk