Ancien joueur de Servette et de l'équipe de Suisse, depuis plusieurs années reconverti avec succès dans la psychologie du sport, Lucio Bizzini (photo arch-Lafargue, ci-dessous) met en garde sur les pièges à éviter.
«Je me suis retrouvé dans une situation similaire lorsque je jouais avec Chênois, se souvient Bizzini. Et nous étions parvenus à remporter nos deux derniers matches. Un footballeur professionnel est un compétiteur. Il est capable de se surpasser dans ces moments-là. L'entraîneur n'a pas un grand travail de motivation à effectuer. Elle vient naturellement.»
Attention toutefois à ne pas confondre motivation et extrême agressivité. «Si on entre sur le terrain avec l'intention de détruire l'adversaire, c'est absolument contre-productif. L'exemple de la Turquie contre la Suisse en barrage retour pour la Coupe du monde est flagrant, certifie le Tessinois. L'équipe locale avait visiblement reçu la consigne de «massacrer l'adversaire». Les joueurs n'ont pas abordé la rencontre avec l'état d'esprit adéquat. Ils ont provoqué un penalty dès la première minute, compromettant ainsi leurs chances d'aller au Mondial.»
D'un point de vue psychologique, la motivation se décompose en trois facteurs. «La confiance est un élément essentiel. Chaque joueur doit être certain qu'il a les capacités d'atteindre l'objectif fixé. De plus, comme le football est un sport d'équipe, le joueur doit aussi avoir confiance en ses partenaires. C'est pour cette raison qu'il est plus difficile d'aborder un match décisif lorsque l'on est dans une spirale négative. Ce n'est pas le cas de Xamax qui vient de battre Grasshopper.»
La détermination constitue le deuxième pilier de la motivation. «Avoir un but collectif et se donner les moyens de l'atteindre, explique l'ancien défenseur. Cela débouche sur une certaine agressivité supplémentaire, mais toujours contrôlée. On se bat davantage dans les duels, on va récupérer plus de ballons par exemple.»
Enfin, une motivation idéale comporte également une bonne dose de calme et lucidité. «J'observe et je contrôle la situation. Je sais ce que je dois faire et je l'applique. Je ne me laisse pas emporter par les émotions.»
Un autre maître-mot pour aborder un match d'une telle importance est la concentration. «Une fois sur le terrain, explique Lucio Bizzini, il faut laisser tous les états d'âme au vestiaire. Chaque joueur doit se focaliser sur la tâche à accomplir, son placement, ses schémas de jeu. Il doit rester fixé sur le moment présent sans commencer à penser au résultat final.»
Dans le cas neuchâtelois, le maintien peut aussi dépendre des résultats d'autres équipes. Les joueurs doivent-ils être informés de ce qui se passe sur les autres pelouses? «Il n'y a pas de vérité absolue en la matière, assure le psychologue. Cela dépend du choix de l'entraîneur. L'important est que les règles soient fixées avant le coup d'envoi pour que les joueurs sachent exactement à quoi s'en tenir.» Miroslav Blazevic a déjà arrêté son choix à ce sujet: «mes hommes sauront à chaque instant ce qui se passe chez nos adversaires directs, affirme l'entraîneur de Xamax. Je suis cependant convaincu que seule la victoire nous permettra de nous en sortir.»
Or, selon Lucio Bizzini obtenir les trois points à Thoune ne relèvera pas de la sinécure. «Xamax ne doit surtout pas commettre l'erreur de croire qu'il affrontera un adversaire déjà en vacances, prévient l'ancien latéral. Cela aurait peut-être pu être le cas face à une équipe avec une plus grande tradition, comme Lugano par exemple. Mais le FC Thoune est un club traditionnellement de LNB qui a à coeur de prouver à chacun de ses matches que sa place en Super League n'est pas usurpée. Epingler Xamax constituerait un beau trophée pour les Bernois.» Aux Neuchâtelois d'éviter le piège./ ESA