«Nous prenons les devants, commente Arthur Fiechter, inspecteur de la faune. Nous voudrions éviter que la situation de l'hiver passé ne se renouvelle.»
Une dizaine de chevreuils avaient été poursuivis à mort par des chiens dans la haute neige, surtout au Val-de-Ruz. Ça, c'est la situation extrême. De manière plus générale, affirme le DGT, il est «extrêmement important d'éviter qu'un chien dérange la faune» en période hivernale. Principalement lorsqu'il y a de la neige, car le gibier peine alors à fuir et perd beaucoup de forces.
Durant la mauvaise saison, les herbivores, lièvres et oiseaux sauvages doivent s'adapter à une nourriture moins riche et moins abondante. Leur rythme de vie se ralentit. Des fuites répétées provoquent une déperdition d'énergie qui peut être fatale.
Quelle que soit la saison, la loi impose qu'un chien soit maîtrisable à tout moment, et à défaut attaché, et qu'il ne poursuive pas la faune. A l'approche de l'hiver surtout, le DGT «fait appel à la responsabilité» des détenteurs. Les gardes-faune privilégieront l'avertissement oral, affirme Arthur Fiechter. Mais ils dénonceront le propriétaire d'un chien surpris à pister un animal.
«Je comprends qu'il faille protéger la faune, mais on ne peut pas toujours avoir les chiens en laisse, réagit une dame croisée hier en lisière de forêt avec un beagle. En hiver, s'il n'y a pas beaucoup de neige, je le détache». «Si c'est pour la faune, c'est normal. Mais alors qu'on nous donne des endroits où lâcher les chiens», ajoute la propriétaire d'un berger allemand. «C'est triste, se plaint la détentrice d'un king charles. On doit déjà les tenir en laisse au printemps, on ne peut pas les lâcher l'été sur les rives, ça devient vraiment dur.» Toutes déplorent une forme d'acharnement contre les chiens et leurs patrons et se demandent si la laisse est vraiment nécessaire pour toutes les races et situations. «Si on reste sur les sentiers et que le chien ne quête pas, ce n'est pas le chevreuil qui va venir faire coucou», sourit une jeune femme avec son grand ridgeback rhodésien.
A priori, toutes les races gardent un instinct de prédateur, affirme le DGT. Arthur Fiechter admet que nombre de propriétaires ont un bon rappel. Mais «une fois que le chien a pris la piste d'un animal, il est souvent trop tard pour le faire revenir».
Cet appel de la Gestion du territoire s'inscrit manifestement dans une volonté politique de prévenir plus largement les dérangements de la faune sauvage. Le chef du département, Fernand Cuche, avait annoncé la couleur lors d'un récent colloque sur le tourisme et la protection de la nature. / AXB