Moutons et vampires sont pareils à nous

Les marionnettes investissent les théâtres du canton de Neuchâtel. Une déferlante de compagnons poétiques, terrifiants ou touchants à fréquenter sans restriction du 2 au 11 novembre. Un riche éventail de formes et de créateurs, des marionnettes, à gaine, à fils, mais aussi des objets, des matières, des techniques visuelles et sonores... A partir de vendredi, 24 compagnies européennes et de l'Est s'en viendront faire vivre leur art en pays neuchâtelois, à l'enseigne de la 12e Semaine internationale de la marionnette. Toujours en quête de nouvelles explorations et de nouveaux horizons, les organisateurs ouvrent cette année une large fenêtre sur l'Allemagne, en accordant, notamment, une carte blanche à la Schaubude berlinoise (lire encadré).

30 oct. 2007, 12:00

«Avec un total de 29 spectacles, l'offre entre propositions conventionnelles et propositions plus avant-gardistes s'avère équilibrée», estime le directeur de la Poudrière, Yves Baudin, l'un des organisateurs de la Semaine. Le théâtre d'objets s'inscrit comme l'un des piliers de cet équilibre. Le Français Christian Carrignon, du théâtre Cuisine, propose une «Anthologie» de cet art qu'il a contribué à créer il y a 25 ans. «Cette forme questionne le théâtre et, partant, la vie. Il y a là un joli voyage à faire, en compagnie, aussi, de ceux qui sont ensuite partis dans d'autres directions.» Autre père du théâtre d'objets, Gyula Molnar est l'un des protagonistes de «La passion des moutons», un psychodrame qui nous confronte aux violences commises au nom de la religion. Du théâtre en prise avec l'actualité, comme l'est aussi «Make Up Opera» d'Oskaras Korsunovas, une manipulation du visage et de la voix qui interroge les diktats du paraître tels que les définissent les magazines féminins.

Du lourd aussi que cette «Passion des moutons», puisque le spectacle dure deux heures. En contrepoint, le festival tire de sa manche tout un bouquet de petites formes, courts spectacles «tout aussi délirants et imaginatifs», faits pour être grappillés «en sautant d'une salle à l'autre». Un passeport petites formes est d'ailleurs proposé à celles et ceux qui voudraient s'en tenir à ce collier de perles.

Sous un petit chapiteau dressé dans les Caves du palais, «Las tribulaciones de Virginia» explore la mécanique du c?ur et de l'amour. Tout un jeu de machines poétiques et féeriques qui s'inscrit parmi les petits cirques singuliers lovés dans des lieux parfois inhabituels. Les machines, c'est aussi l'affaire des frères Decosterd, musiciens et plasticiens du Locle, qui installeront les leurs au CAN.

Les festivaliers retrouveront sans doute avec bonheur quelques artistes de renommée internationale. Neville Tranter, du Stuffed Puppet Theatre, en est un, qui nous convie à une nouvelle rencontre monstrueuse, avec les vampires. Ilka Schönbein et le Theater Meschugge provoqueront d'autres frissons, moins ludiques, avec les masques de «Chair de ma chair». Un spectacle «très fort et très dur» qui retrace le destin d'exilée d'Aglaja Veteranyi, d'après sa biographie «Pourquoi l'enfant cuisait dans la polenta». / DBO

Du 2 au 11 novembre. Programme détaillé et lieux de représentation sur le site: www.festival-marionnettes.chPermanence du festival: Neuchâtel, rue de l?Hôpital, tél. 032 724 65 19