«C'est un projet énorme. Il faut tout réunir, penser à tout, emmener quelques pièces détachées, une pharmacie... Obtenir les autorisations de survol des pays, réserver les quantités d'essence sur place... Je m'attends à pas mal de petites perturbations administratives et autres. Tout cela nécessite beaucoup d'organisation. Depuis bientôt une année, je suis constamment sur le projet.» Wojciech Mirski s'envolera, en solo, le 11 novembre prochain, jour de fête de l'indépendance en Pologne. Tout un symbole pour ce médecin anesthésiste originaire de Cracovie.
Ultra entretenu par l'Aéro service des Eplatures, son avion Piper Comanche 260C a bénéficié en outre de plusieurs améliorations techniques telles que GPS, fuel computer ou encore détecteur d'orages. Pour entreprendre un tel voyage, il a été nécessaire d'installer un réservoir dans la cabine, à la place des sièges arrières. Sa contenance de 400 litres double la capacité d'autonomie de l'avion, qui atteint ainsi 20 heures. Ce qui lui permettra d'effectuer le survol de l'Atlantique Sud, de l'océan Indien et du Pacifique dans de bonnes conditions de sécurité. Autre particularité technique, «absolument unique en Europe», un wind generator, soit une sorte d'hélice génératrice d'électricité afin d'alimenter les appareils de bord. Le Piper s'en trouve alourdi de 15%.
L'accent a été mis sur la sécurité. «Mon angoisse principale, c'est l'amerrissage, en cas de panne du moteur. Il existe plusieurs techniques, mais tout cela, c'est de la théorie.» Durant les longs trajets, comme celui qui relie Tahiti à l'île de Pâques - 3900 kilomètres et 16 heures de vol - le pilote volera en costume de survie, son radeau à portée de main. Plus une petite bouteille d'oxygène, histoire d'avoir le temps de trouver la sortie de l'appareil s'il venait à être submergé, des gilets de sauvetage, du matériel de signalisation, un désalinisateur d'eau de mer, des rations de survie... La liste donne une idée de la difficulté de l'exercice.
Le second point noir, c'est la mauvaise météo. «On dispose au départ d'une prévision pour huit à neuf heures. En cours de vol, les choses peuvent changer. C'est déjà difficile ici, alors sous les tropiques où les masses d'air se déplacent plus vite, on peut vite rencontrer un orage, des colonnes de pluie ou le vent de face, l'ennemi du pilote.» La vitesse est ralentie alors que la consommation reste la même. «Il est parfois nécessaire de retarder un voyage.»
Si le coût total de l'aventure est difficile à estimer, le budget essence, de la gazoline d'aviation pour moteurs à piston, oscille entre 25.000 et 30.000 frs. pour 350 heures de vol. «Le Piper consomme du 18l /100 à une vitesse de croisière de 240km/h.» Pour le reste pas de folies. Aux grands hôtels, Wojciech Mirski préfère le logement chez l'habitant, voire le bivouac. «J'ai toujours une petite tente avec moi. Je la plante à proximité de l'avion, sur un coin de pelouse près du tarmac.»
Le site flying-doctor.ch - dont le nom s'inspire du service de médecins volants initié en Australie - sera mis à jour régulièrement. Le voyage permettra de recueillir des photos et vidéos qui seront rassemblées plus tard dans un livre ou un CD. L'objectif premier étant avant tout de se faire plaisir. Wojciech Mirski survolera îles paradisiaques et lieux de rêve. «Le Kilimandjaro, les chutes d'Iguaçu, les Seychelles, Samoa, l'île Robinson Crusoe... Rien que les noms font rêver», énumère-t-il les yeux brillants. /SYB