«Pas vu que c'était des gendarmes...»

Vers deux heures du matin, une nuit de printemps, trois copains d'un certain âge aboutissent à un bar du centre-ville. «Ce soir-là, on s'était foutu en piste», admet volontiers Jacky (prénom d'emprunt), qui se retrouvait hier au Tribunal de police du Locle pour violence ou menace contre les autorités et fonctionnaires, et scandale en état d'ivresse sur la voie publique.

02 oct. 2007, 12:00

Ce soir-là, il y a au fond du bistrot une bande de jeunes assez agressifs. Jacky avait déjà eu affaire à eux un mois en arrière. Il y a des bousculades. «Je leur ai demandé de rester corrects», il manque se faire frapper, le patron s'interpose, envoie toute la bande dehors. Et puis un policier entre, «il m'a demandé de le suivre, je suis sorti calmement». Mais, concernant ces jeunes, «j'ai dit: dehors, cette racaille». Dehors, il se fait ceinturer, mettre à terre pour être menotté. «Ils sont venus par-derrière, je n'ai pas vu que c'était des gendarmes! Les jeunes, restés par là, «ont applaudi quand ils ont vu l'astiquée qu'ils m'avaient foutue». Lui, il gesticule, un coup de poing atteint un gendarme, mais il ne savait pas que c'en était un, explique-t-il, amer d'avoir été traité de la sorte alors qu'il était prêt à suivre la police au poste. «Il faut qu'ils arrêtent de jouer les Rambo. Avant, je n'avais jamais eu d'embêtements avec la gendarmerie. Maintenant, c'est une autre école.» Il passe la nuit au poste. Le lendemain, il constate des hématomes partout, «les poignets bleus, les coudes noirs, et un immense hématome sur l'estomac, je ne me le suis pas fait tout seul».

Le patron du bistrot, qui lui-même s'était fait menacer avec un piquet de parasol en s'interposant dans l'altercation, a porté plainte. Il affirme que Jacky et ses amis sont restés tranquillement au bar et ne sont sortis que lorsque la police est venue les chercher. Ce qui s'est passé dehors, il ne sait pas: «Des soirées comme ça, je ferme à clé et après, j'en ai encore pour une heure et demie à faire les nettoyages.»

Pour son avocat, Jacky, considéré comme «le grand méchant» dans le rapport de police, se saurait être accusé de scandale public pour avoir crié «racaille», un terme certes malvenu. Quant à ce coup de poing, il était normal que son client, qui par ailleurs était soigné pour ses nerfs, ait réagi en se sentant ceinturer par-derrière, sous les applaudissements de ces jeunes. Il en concluait à l'acquittement de son client, ébahi que le ministère public ait requis une peine de 240 heures de travail. Le président du tribunal, Nicolas de Weck, retenait que les principaux protagonistes étaient ivres, les policiers s'étaient interposés, et ce coup de poing pouvait ne pas leur avoir été destiné. Mais Jacky «sortant du bar relativement tonitruant, avec un comité d'accueil de jeunes gens hurlants, cela correspond assez bien à du scandale public». Vu la situation financière de Jacky, il s'en est tenu à une amende réduite de 30 fr. et des frais réduits eux aussi de 100 francs. /cld