Amiral (donc président) des Sonneurs, Jean-Pierre Châtelain témoigna de sa reconnaissance devant une foule d'amis du patrimoine et du Doubs. «Ce fut une belle surprise, à laquelle nous ne nous attendions pas du tout. Sachez que nous en ferons bon usage, dans ce site bénéficiant d'un microclimat et abritant quelques espèces rares! Et soyez assurés que nous conserverons à ce parc son caractère romantique!»
L'amiral rappela quelques pages glorieuses des Sonneurs. C'est le Dr Alfred Sidney Droz, de La Chaux-de-Fonds, qui acheta vers 1820 la maison du Sonneur. Cette appellation remonte à l'époque où l'on hélait à coups de cloche le batelier qui transportait voyageurs et marchandises de La Rasse à Maison-Monsieur. C'est déjà au milieu du XVIe siècle que le comte de Valangin René de Challant avait bâti au bord du Doubs une «hostellerie» et instauré un droit de péage.
Par la suite, les grandes figures de la Révolution de 1848, dont Fritz Courvoisier et Ami Girard, ont fréquenté les Sonneurs, où ils ont sans doute esquissé les temps nouveaux, avant de se réunir au café Montagnard, à La Chaux-de-Fonds. Par la suite, le pavillon demeura un haut lieu où se traitaient les affaires de la République, ainsi que les relations franco-suisses. Ainsi, on y parla de la route internationale pour Montbéliard, des ponts de Biaufond et de La Rasse, de règlements de pêche. Seul projet évoqué qui ne vit jamais le jour, une ligne ferroviaire La Chaux-de-Fonds - Saint-Hippolyte qui aurait franchi le Doubs par un viaduc haut de 800 mètres, près de Biaufond!
Quelques célébrités firent aussi le pèlerinage des Sonneurs, en particulier Gustave Courbet, auquel on attribua, longtemps et à tort, la paternité des «Baigneuses», Aristide Bruant et Robert Fernier.
Quant à Claude Roulet, président de la section cantonale du Patrimoine, il exprima sa joie d'honorer un site exceptionnel qui s'inscrit dans l'esprit du parc des Crêtets, à La Chaux-de-Fonds. Il s'agit d'un jardin romantique du XIXe siècle, dessinant courbes et recoins, abritant certaines essences exotiques, dont un séquoia. L'aménagement en est dû à Mathias Baur, beau-père de Charles Mattern, créateur du Bois du Petit-Château et l'un des fondateurs des Sentiers du Doubs.
Ce n'est pas un hasard que les Sonneurs aient rendu hommage à la nature, à une époque de rupture et de révolution technique. Comme aujourd'hui, on éprouvait le besoin de se replonger dans ses racines pour préparer un avenir moins déshumanisé. Et Claude Roulet se plut à déceler dans ce parc des Sonneurs trois vertus cardinales: la modestie, la simplicité et l'authenticité.
En conclusion, le conseiller communal Jean-Pierre Veya se réjouit de ce prix honorant un site bucolique, en quelque sorte prémices à la reconnaissance du patrimoine urbain horloger par l'Unesco. / BLN