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On peut tomber amoureux à tout âge, mais...

13 févr. 2008, 12:00

Amours adolescentes ou actes d'ordre sexuel avec des enfants? Hier matin, les jurés du Tribunal correctionnel du Locle n'ont pas eu la tâche facile. Jean (prénom d'emprunt) a entretenu successivement six liaisons avec de très jeunes filles. Il était lui-même mineur au début, mais au fur et à mesure qu'il «vieillissait», l'écart d'âge allait grandissant (plus de sept ans pour finir).

Cette affaire a failli ne jamais arriver devant la justice: ni les jeunes filles ni leurs parents n'avaient déposé plainte. C'est à la suite de la fin tumultueuse d'une liaison que les parents de la demoiselle ont dénoncé l'affaire à la police, mais sans se porter partie plaignante!

En question, l'article 187 du code pénal suisse: la loi punit toute personne qui commet des actes d'ordre sexuel sur un enfant de moins de 16 ans, sauf quand les partenaires ont un écart d'âge de moins de trois ans. Si l'auteur a moins de 20 ans et en cas de circonstances particulières, on pourra renoncer à des poursuites. «La société protège les enfants des actes qu'ils ne peuvent comprendre», commentait le substitut du procureur Nicolas Aubert. «Cette disposition tend à assurer à l'enfant un développement paisible, jusqu'à ce qu'il acquière la maturité nécessaire.»

Jean soutenait qu'il s'agissait d'amour. Certaines de ses ex avaient un jugement beaucoup plus mitigé, regrets y compris. Jean soutenait aussi que, du moins au début, il ne savait pas que c'était interdit. «On devrait nous expliquer les lois suisses à l'école plutôt que les découvertes de Christophe Colomb.» Mais, après avoir été interpellé et donc mis dûment au courant, il avait néanmoins entamé une autre liaison, toujours avec une très jeune fille! «C'était le coup de foudre!», se justifiait-il. Pour le président Nicolas de Weck, c'était moins sûr: il jugeait que ces jeunes filles avaient cédé à Jean, qui faisait miroiter ses succès féminins, de peur de les perdre. Pour l'avocate, son client n'était pas le prédateur qu'on décrivait. On avait affaire à six histoires d'amour. Elle avait même apporté des statistiques fédérales sur les premiers rapports amoureux, effectivement assez précoces. Et «pour avoir une liaison, il faut être deux», mettant en avant l'attitude provocante des jeunes filles exerçant leur pouvoir de séduction. «Mais cela ne veut pas dire qu'elles ont au fond d'elles-mêmes perdu leur innocence», répondait Nicolas de Weck. Le Tribunal s'est prononcé pour 8 mois moins 18 jours de préventive, alors que Nicolas Aubert avait requis 14 mois, en tenant en compte un téléchargement de sites pornographiques, prévention non retenue par le tribunal.

On est certes majeur sexuellement à 16 ans, mais la loi punit aussi celui qui commet un acte d'ordre sexuel sur mineur de plus de 16 ans en profitant de rapports d'éducation, de confiance, de travail... /cld

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