Ce n’était ni une clé à molette, ni un fer à souder qui était mis à contribution ce vendredi au dépôt ferroviaire de la Piasseta, à Fleurier. On a plutôt joué du stylo entre représentants de TransN et des CFF. Les deux compagnies de transport, qui se partagent déjà la concession Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, ont signé un contrat de collaboration pour les dix années à venir. La compagnie neuchâteloise est appelée à assurer de plus en plus de trains.
«Jusqu’à maintenant, nous nous louions du matériel et des mécaniciens. Nous passons aujourd’hui à la phase suivante», a expliqué devant la presse Alain Barbey, directeur Région ouest des CFF. Dès le 15 décembre, date de l’entrée en fonction du nouvel horaire des transports publics, TransN reprendra l’intégralité de la concession de la ligne Neuchâtel-Buttes, jusqu’ici répartie entre les deux compagnies. Le partenariat de la ligne Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds-Le Locle ne change pas, mais «le volume des prestations confiées à TransN augmentera progressivement».
Changements surtout à l’interne
Les pendulaires neuchâtelois ne vont pas voir de grands changements. Pour assurer ses nouvelles missions, TransN devra même louer les rames Domino des CFF qui assurent déjà les trajets. En attendant le développement d’un «branding» commun, les logos des deux compagnies seront peints sur les trains.
C’est à l’interne que ces changements seront palpables. «Ce développement des missions TransN nous permet d’augmenter notre masse critique», remarque Robert Cramer, président du conseil d’administration de TransN. «En collaborant plus étroitement, nous travaillerons mieux. Et en travaillant mieux, nous travaillerons moins cher», dit le Vert genevois. Il faudra aussi investir: «Pour assurer les trains Neuchâtel-Buttes, nous allons engager 25 mécaniciens de locomotive.»
TransN plus flexible
De 15 mécanos actuellement, TransN passera à 40 d’ici peu. «Avec une plus grande équipe, ce sera plus facile d’organiser les remplacements», remarque Marie-France Cedeno, responsable production ferroviaire chez TransN. Vingt des vingt-cinq nouveaux postes sont déjà pourvus. Les trois premiers conducteurs viennent d’ailleurs de passer leurs examens. Autre avantage, la compagnie propose à ses employés de cumuler les permis ferroviaire et routier, permettant d’augmenter encore leur flexibilité.
TransN pourra également compter sur les outils des CFF en matière de logistique ou d’entretien de la flotte roulante. «Avec ces nouveautés, nous franchissons une étape supplémentaire de qualité pour nos usagers», assure le directeur de la compagnie, Pascal Vuilleumier.
Bénéfice financier «pour le canton»
Les Chemins de fer fédéraux, eux, vont profiter de l’ancrage local des Neuchâtelois et améliorer ainsi leur image. «Ces partenariats nous rapprochent du canton et de ses autorités. S’il y a un objectif financier, ce n’est pas les CFF qui retireront de bénéfice financier», remarque Alain Barbey. «Le trafic régional n’a pas à réaliser de bénéfices, puisqu’il est subventionné et que l’Etat règle le reste des factures. Comme TransN a une structure de coûts plus légère que nous, les pouvoirs publics pourront réaliser des économies.»
Conseiller d’Etat en charge notamment des transports, Laurent Favre salue ce rapprochement. «Depuis 2016, la collaboration entre compétences fédérales et connaissances locales fonctionne bien sur la ligne Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, même si cela reste sportif vu la vétusté de la ligne. Pour nous, les CFF sont le partenaire idéal à TransN pour les défis à venir dans le canton de Neuchâtel.»