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Mots et sons fusionnent

Demain et samedi au Casino, le quartet de jazz No Square monte, sous l'étiquette du collectif FA7, un «concert théâtral». Un mélange où textes et musiques se répondent Les quatre musiciens de No Square pourraient se contenter de jouer leur jazz électrique et énergique. Ils pourraient écumer les clubs avec leur sixième album sorti l'an dernier, un double opus enregistré à La Chaux-de-Fonds et sobrement nommé «Studio & Live». Mais, demain et samedi, le quartet présente en avant-première «Les jeux sont faits!» au Casino du Locle. Une création du collectif FA7 dans laquelle les musiciens dialoguent avec les comédiens Anne-Maud Meyer et Miguel Québatte.

05 oct. 2006, 12:00
«Nous aimons expérimenter ce jeu entre les mots et la musique»

André Hahne, le bassiste de No Square, explique comment le collectif FA7 a choisi «Susn», de l'écrivain allemand Herbert Achternbusch, un ouvrage paru en 1979. «Au départ, nous avions le titre «Les jeux sont faits!» et nous avons demandé au metteur en scène Fabrice Gorgerat de trouver un texte correspondant». Les musiciens souhaitaient travailler avec deux comédiens, le choix du metteur en scène était donc soumis à quelques conditions. Dans «Susn», Herbert Achternbusch peint cinq tableaux de l'existence d'une femme: à 15, 25, 35, 45 et 55 ans. «Nous avons choisi le troisième, celui qui nous correspond le mieux».

La jeune femme, Susn, affronte son mari écrivain, un mur de silence. Elle se plaint d'être utilisée comme «matériau littéraire». Délaissée, même ses révoltes nourrissent l'imagination du romancier. Lui parle peu, «en fait, il s'agit presque d'un monologue féminin. Mais sa présence physique est très importante», relève André Hahne. La muse et l'écrivain, rapport classique, c'est un peu Achternbusch lui-même. «C'est un peu nous aussi, les artistes», note le bassiste.

Créé en 1994, No Square a enregistré six albums et monté quatre créations théâtrales sous l'étiquette FA7. Dont le dernier spectacle, «La voix humaine» de Jean Cocteau en 2004. «Nous aimons expérimenter ce jeu entre les mots et la composition musicale, remarque André Hahne, à la recherche du point d'équilibre entre les textes et les notes. «Ce n'est pas évident, les mots sont très forts. Je ne sais pas si nous y sommes parvenus, mais nous nous en approchons...»

«Traduire en musique»

Le metteur en scène lausannois Fabrice Gorgerat avait déjà travaillé avec des musiciens live. Pour ce spectacle, il est assisté de Stéphane Blok, musicien, chanteur, un artiste complet qui a pu «traduire en musique ce que le metteur en scène souhaitait».

Un concert de jazz, «c'est une succession de petites histoires, valables au moment de leur composition, souligne André Hahne en comparant avec le théâtre. On peut d'ailleurs intervertir les morceaux en fonction de la réaction du public». Pour eux, il est intéressant de travailler de manière concentrée. «Avec un groupe, vous jouez une ou deux fois par semaine. Pour une création théâtrale, il s'agit du travail d'un ou deux mois». Pour ce projet, ils ont répété à l'Usine à Gaz, à Nyon.

Les liens de No Square avec la région sont multiples, le batteur Yannick Oppliger habite le Col-des-Roches et la Cave du P'tit Paris les accueille volontiers. Et demain, Stéphane Gattoni sera à la régie lumières. «Nous sommes un peu connus ici avec No Square. Je crois que nous avons un public», dit modestement André Hahne.

Le saxophoniste Guillaume Perret et Marc Méan au piano complètent le quartet. Plus qu'un concert théâtral ou une pièce de théâtre musicale, «Les jeux sont faits!» est un univers où textes et voix se mélangent à la musique et aux sons. Dans ce spectacle, le metteur en scène Fabrice Gorgerat pose la question au public: «Sommes-nous acteurs ou spectateurs de nos vies?» Susn, apparemment, peine à trancher. / JLW

Le Locle, Casino-théâtre, vendredi 6 et samedi 7 octobre à 20h30

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