«Je n'ai encore aucun engagement ferme», insiste Paul Castella, président du conseil d'administration de Dixi Holding, qui mène les pourparlers avec ses fils Pierre et René. Et qui reste prudent quant à l'issue des négociations: «Les discussions continuent leur chemin. Les Japonais sont déjà venus une fois au Locle, ils doivent revenir ces prochains jours. Mais aucun accord définitif n'a été signé et je n'ai pas encore vu la couleur d'un yen... C'est encore flou.»
A Paris, où Mori Seiki a son siège européen, les choses semblent par contre plus claires: on y évoque déjà le renforcement possible du site du Locle, la création de nouveaux emplois, et même l'installation, dans le grand show-room que Mori Seiki possède en France, d'une machine Dixi parmi les lignes nippones... «Nos produits sont complémentaires», précise Olivier Pouletaud, du siège européen.
Secrétaire régional du syndicat Unia, Eric Thévenaz a rencontré la délégation japonaise lors de sa venue au Locle, et son sentiment est plutôt positif: «Je crois qu'il s'agit d'une chance pour l'entreprise, en particulier pour assurer la pérennité des emplois. Les Castella ont fait un gros effort dans ce sens. De notre côté, nous avons présenté la convention collective aux représentants du groupe japonais, et les discussions ont été très cordiales.»
Mieux: Mori Seiki envisagerait de déplacer du Japon vers le Locle une partie de sa production, ce qui pourrait entraîner la création de nouveaux emplois. L'idée étant de fabriquer en Suisse des machines destinées au marché européen. Mais, là non plus, rien n'est formellement décidé.
Ce qui est sûr, c'est que le groupe, qui a son siège à Nagoya et jouit d'une excellente réputation, a les reins solides: il emploie plus de 3500 personnes dans le monde (et une cinquantaine à son siège parisien), possède quatre usines au Japon et de nombreux centres techniques dans le monde. Coté en bourse, il réalise un chiffre d'affaires annuel de 1,7 milliard de francs, soit à peu près cent fois plus que Dixi Machines.
Du côté des autorités, qui ont également rencontré des représentants de Mori Seiki, le président de la Ville du Locle, Denis de la Reussille, note que les éléments importants, comme le maintien de l'ensemble des emplois et la poursuite de l'activité industrielle, semblent réunis, «pour ce que nous connaissons du dossier». Et de relever également que le repreneur «n'a pas juste une vision financière», ce qui limite la crainte de le voir vider l'entreprise locloise de sa substance pour repartir ensuite.
A noter que le groupe Dixi, au total, emploie environ 400 collaborateurs, la production de machines-outils n'étant qu'une des sociétés du holding parmi une dizaine d'autres, comme Dixi Cylindre, Dixi Polyool, Marksa SA ou Dixi Microtechniques.
Paul Castella, qui espère par cette transaction pérenniser et renforcer l'entreprise familiale, est convaincu, si l'affaire se conclut, qu'elle sera positive pour Le Locle, vu la taille du partenaire: «Comme lorsque j'ai vendu Zenith à LVMH.» Prendre son envol, c'est peut-être plus facile dans la lumière du Soleil levant... / FRK