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Le développement des Montagnes est indissociable de l'immigration

2027: Guido Huguenin, dont la mère est italienne de deuxième génération, se penche sur l'immigration dans les Montagnes neuchâteloises. Un phénomène en relation avec le développement de la région. Guido Huguenin ne peut pas passer à côté du fait. Lui-même a du sang italien. Son grand-père maternel est arrivé à La Chaux-de-Fonds à la fin des années 1950 lors de la grande vague d'immigration en provenance du sud. Il a raconté à Guido l'effervescence de la fin des années 1960. Elle est économique mais aussi politique.

03 août 2007, 12:00

Au début des années 1970, les nationalistes ont tenté à deux reprises de limiter le nombre d'étrangers. La population suisse a refusé par deux fois les initiatives Schwarzenbach, du nom de leur auteur. En 1970, le oui a tout de même atteint 46%, alors qu'en 1974, il a reculé à 34,2%. Dans le canton, les résultats ont été sans appel pour les xénophobes. La première fois, le non neuchâtelois (60,9%) est le plus fort de Suisse. Un rejet réitéré lors de la seconde votation avec 74,6%. La mère de Guido se souvient tout de même des vexations orales qu'elle a subies à l'école. Certains de ses petits camarades répétaient bêtement les crétineries entendues à la maison. En 2027, les Italiens, les Espagnols ou les Portugais n'ont plus à répondre aux invectives des xénophobes. Par contre, les Africains ou les Arabes font encore l'objet d'une discrimination latente.

Dans les Montagnes neuchâteloises, l'arrivée massive d'étrangers - «c'est-à-dire de non Neuchâtelois», précise Raoul Cop dans «Histoire de La Chaux-de-Fonds» - date de la période 1735-1750, qui coïncide avec le décollage de l'horlogerie. «La Chaux-de-Fonds et Le Locle vont abriter une population cosmopolite plus ou moins stable issue de nombreux horizons de l'Europe occidentale», écrit l'historien local. Bernois, Jurassiens bernois, puis Vaudois, Genevois, Franc-Comtois viennent s'installer. Les Allemands commencent à affluer après 1750. «Ils sont essentiellement tailleurs, cordonniers et boulangers.»

Au XIXe siècle, la vague d'immigration ne recule pas. En 1820, on compte à La Chaux-de-Fonds 17% de Confédérés non neuchâtelois. Ils sont 51% en 1900. Le nombre de ressortissants d'autres pays croît aussi. Ils sont 6% en 1820, 16% en 1860. Un léger déclin est enregistré par la suite puisqu'en 1900, le chiffre atteint 12%. «Chose à peine croyable, près du tiers (31,4%) des Chaux-de-Fonniers recensés en 1880 sont considérés comme étant de langue maternelle allemande! Pas étonnant dès lors qu'il faille élever un temple à leur intention», note Raoul Cop en évoquant le Temple allemand. Quant aux Italiens et Tessinois, spécialisés dans les métiers de la construction, ils ne sont que 1,2% en 1880. Les saisonniers ne sont toutefois pas recensés.

La population étrangère diminue durant la première moitié du XXe siècle. En 1950, elle ne représente plus que 6% de l'ensemble des habitants de La Chaux-de-Fonds. Le boum économique va changer la donne. De 10% en 1960, elle atteint 21% dix ans plus tard. Le taux d'étrangers connaîtra une légère baisse après les deux crises des années 1975-76 et 1982-83. Dès les années 1990, il dépasse la barre de 20%. En 2006, les étrangers représentent 28,3% de la population de La Chaux-de-Fonds et 25,6% de celle du Locle. Les communautés des Balkans et de Turquie sont venues grossir les rangs étrangers. Dans les deux villes, la communauté portugaise est la plus grande.

A l'exemple de celle de la branche italienne de la famille de Guido Huguenin, l'immigration a contribué au développement socio-économique de la région. Son histoire est indissociable de celle des Montagnes. /DAD

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