«Je ne voulais pas que ce bâtiment historique pour la région soit démoli», explique l'homme à la solide carrure. La gare a probablement été construite à l'époque de l'ouverture de la voie de chemin de fer La Chaux-de-Fonds - Le Locle de la Compagnie du Jura industriel, la première du canton, dont on fête les 150 ans cette année. «C'était la gare terminus avant que l'on perce les tunnels ferroviaires et routiers. Après, les voies ont été déplacées de l'autre côté de la route», raconte André Guyot.
La maison penche bigrement, mais elle est solide. Sur la façade, on peut encore lire «Fourrages Grains et Farines», signe qu'on y a aussi fait commerce à l'époque où l'on amenait les bêtes à l'abattoir aux moulins voisins. Dedans, on reconnaît la salle d'attente, le cadre du guichet de poste, les contours d'une cabine téléphonique avec des fils qui sortent du mur... Il y a même la cellule du temps des gendarmes et voleurs au Col. Derrière le bâtiment, un avant-toit en tôle abrite l'ancien quai de gare.
«J'ai le permis de construire», dit André Guyot, qui serait prêt à lancer des travaux de rénovation pour créer «La Maison aux frontières». «J'aimerais évoquer les différentes vies de cette maison», explique le Loclois. Il imagine cependant mettre l'accent sur la douane. Pourquoi? «Parce qu'il n'y aura bientôt plus de frontières», répond sans applaudir André Guyot. Le patriote se passionne aussi pour les histoires d'évasion de l'ancienne Allemagne de l'Est, de contrebande et de faussaires.
Collectionneur de tout ce qui touche à l'armée, à la douane et à la région, André Guyot entend solliciter les douanes pour alimenter le futur musée en prêts. «Je vais essayer, il n'y a qu'un musée suisse des douanes officiel, au bord du lac de Lugano, uniquement atteignable par bateau.» Surtout, il cherche des amateurs pour fonder une association, des bras pour aider aux travaux et des donateurs pour monter le musée. Au premier étage de la jolie bicoque, André Guyot imagine déjà cette «Maison aux frontières». «Je ne veux pas en faire un monstre, j'aime les petits musées, comme celui de Boudry. Et je veux quelque chose de vivant, qui intéresse autant les gamins que les anciens.» Pour se faire une idée de la muséographie, l'homme a même invité «le» spécialiste Jacques Hainard (conservateur du Musée d'ethnographie de Genève), un (presque) voisin des Bayards. «Il est venu et m'a paru enchanté.» /RON
André Guyot lance un appel aux bénévoles, hommes et femmes, pour des travaux de toutes sortes (secrétariat autant qu?électricité), ainsi que pour créer l?association: tél. 078 601 23 09