«On a beaucoup parlé des conséquences du plan pour le Val-de-Travers et Le Locle, mais rien sur La Chaux-de-Fonds», constate Muriel Bovay Schneider. Cette mère de trois enfants de 1 an et demi à 7 ans et demi vient de lancer une pétition adressée au Conseil d'Etat, au Grand Conseil, aux conseils communaux et à l'Hôpital neuchâtelois. Comme citoyenne, dit-elle.
«Soit les gens ne sont pas contents et ils ne bougent pas, soit ils ne sont pas au courant», dit la maman chaux-de-fonnière, surprise que, depuis un mois et demi, rien ne bouge. Au point qu'elle s'est sentie obligée de prendre le taureau par les cornes, même si elle n'a jamais fait ça. A ses yeux, il est important d'informer la population que la pédiatrie est en danger. Et, au-delà de la pédiatrie, que la maternité et, par effet de domino, d'autres services risquent d'être menacés.
«Un service de pédiatrie hospitalière et une maternité pour un bassin de population de près de 70.000 habitants, de La Brévine à Saignelégier, plus une partie de France voisine, ce n'est pas un luxe», écrit la pétitionnaire. Pourtalès ne pourra pas tout absorber, avec risque de voir des petits malades renvoyés à Delémont ou Lausanne. «Même à Neuchâtel, les familles défavorisées auront des difficultés pour être auprès de leurs enfants. Je pense à une caissière de grand magasin ou à ceux qui habitent des communes plus éloignées que La Chaux-de-Fonds», ajoute Muriel Bovay Schneider.
La pétitionnaire ne s'est pas approchée des partis politiques - que l'on n'a pas encore entendus sur la question - pour soutenir son initiative. Ne sachant trop comment faire, elle a pris contact avec le SSP-NE, le syndicat de la fonction publique. «Nous ne sommes pas directement impliqués, mais nous avons mis à disposition notre infrastructure», dit-on au secrétariat. Le SSP a résumé l'argumentaire, appelant simplement à refuser «les délocalisations des services de l'hôpital de La Chaux-de-Fonds», sans référence précise à la pédiatrie ou autre.
La pétition circule depuis vendredi. Autour de Muriel Bovay Schneider, un noyau de quatre ou cinq personnes est descendu dans la rue ce week-end, à la sortie du concert et au marché de Noël. «Nous avons plus de 1000 signatures. Le syndicat nous a dit qu'en trois jours c'est beaucoup.» Heureusement, parce que la pétition est express. Le délai est fixé au lundi 18 décembre, pour être expédiée avant Noël. «Le 17 janvier, le Conseil d'Etat doit rendre ses décisions sur les propositions de l'Hôpital neuchâtelois. Si rien ne bouge d'ici là, il y aura des grands titres, on parlera de scandale, mais ce sera trop tard», avertit Muriel Bovay Schneider.
La pétition est trop fraîche pour susciter beaucoup de réactions. Le conseiller communal Jean-Pierre Veya, membre du conseil d'administration de l'Hôpital neuchâtelois, ne l'a pas lue et ne se prononce donc pas. A l'hôpital, le médecin chef adjoint de gynécologie-obstétrique Giovanni Spoletini applaudit la maman pétitionnaire, lui qui a toujours souhaité une consultation large, franche et claire sur la question. Hier, les pharmaciens de la ville, puis les médecins réunis en assemblée, ont décidé de faire signer la pétition. Cette fois-ci, le débat est ouvert. / RON