Sans uniforme, mais paré d'un badge frappé aux armes des CFF, ils arpentent, par paires, les couloirs des convois. Leur mission: tranquilliser, par leur seule présence, les voyageurs et inviter les étourdis à se conformer aux règles s'appliquant à tous les usagers.
S'il ne s'agit pas d'une action à caractère social, quid alors? «Ce n'est évidemment pas non plus une activité policière, rigole Imet Cafleshi, coach des «grands frères». Je dirais que c'est davantage de la prévention que de la médiation. Car il faut que deux parties soient prêtes à s'entendre pour lancer une médiation», poursuit-il. Ce professionnel de la médiation a été initié par Mehdi Messadi, le pionnier des «grands frères» en Suisse; un concept qu'il a ramené des banlieues françaises à problème, où il a grandi.
Un travail de prévention confié à des chômeurs? «Nous sommes tous des volontaires, prévient Edmond Elezaj, même si cela ne nous apporte aucun avantage quant aux indemnités de chômage.» Si le placement était imposé, «cela ne marcherait pas», renchérit Imet Cafleshi, en rappelant la formation reçue par les candidats. Soit six jours de cours sur la gestion des conflits et du stress, sur la confiance en soi notamment, et des jeux de rôle pour se mettre en situation extrême - «on est vraiment poussés à bout durant la formation», assurent-ils. Puis, les aspirants passent deux autres journées en compagnie de la police ferroviaire.
«Le principe repose sur le système «gagnant-gagnant, assure Jean-Philippe Schmidt. Tant les CFF que les «grands frères» y trouvent leur avantage», explique le porte-parole des Chemins de fer fédéraux, évoquant l'expérience bénéfique pour les demandeurs d'emploi. «Un seul problème pour nous, poursuit-il: les «grands frères» peuvent arrêter leur activité du jour au lendemain...» Conséquence du fragile statut de ces demandeurs d'emploi, susceptibles d'être placés sans délai pour sortir du chômage. / STE