Les sources anciennes sont très pauvres. Raoul Cop lui donne les premiers indices: «Une chose semble sûre: le haut Jura est encore inhabité au Xe siècle», écrit-il dans «Histoire de La Chaux-de-Fonds». Les articles placés devant les noms de lieux indiquent une origine postérieure à l'an mil.
Les Montagnes neuchâteloises, entre le Val-de-Ruz et le Doubs, sont placées sous la souveraineté des seigneurs de Valangin. Motivés tant par des raisons stratégiques - mettre un frein aux visées des voisins - qu'économiques - valoriser la terre, leur patrimoine foncier -, les seigneurs ont dû pousser certains de leurs sujets à coloniser le Haut.
«Le seigneur encourage le défrichement des zones de montagne en accordant des droits qui équivalent à une amélioration de la condition sociale et matérielle. Il héberge (haberge ou aberge) certains de ses sujets», note Raoul Cop. Affranchis, on les nomme du coup francs-habergeants. «C'est donc ça!», s'exclame Guido. Sa curiosité ne l'a jamais poussé à chercher l'origine du nom de la troupe folklorique locloise. Les colons, selon toute vraisemblance, viennent en majorité du Val-de-Ruz.
Le développement des Montagnes n'est pas rapide. Les noms Le Locle et La Sagne apparaissent dans un texte de 1350. Celui de La Chaux-de-Fonds à peu près à la même époque. Les colons pratiquent le défrichement du territoire et cultivent leurs propres céréales. Non seulement il s'agit d'aménager des pâtures pour accueillir le bétail, mais aussi de pouvoir assurer assez de fourrage pour le nourrir durant l'hiver et de nourriture pour les habitants. Selon certaines sources, à la moitié du XIVe siècle, Le Locle et La Sagne comptent chacun environ 100 habitants. Ils possèdent leur propre paroisse, signe d'autonomie grandissante.
L'existence est simple et besogneuse. «En cette fin de Moyen Age, la quasi-totalité des habitants tire tout ou partie de son revenu de l'agriculture, dans le cadre d'une économie de subsistance axée sur la satisfaction des besoins essentiels. (...) Les activités paysannes imprègnent toute l'existence», souligne Raoul Cop.
Au XVIe siècle, ni l'agriculture ni la vie quotidienne ne sont marquées par de véritables changements. Les moulins apparaissent, l'artisanat et le commerce se développent. Des foires sont organisées. La population croît plus rapidement dans la deuxième moitié du siècle.
Le XVIIe voit de nouveaux secteurs émerger: la dentellerie, le travail du fer et, selon certaines sources, l'horlogerie. Cette dernière va s'affirmer à partir des années 1730. «Elle prend un tel essor vers le milieu du siècle qu'elle aura tendance à monopoliser la main-d'?uvre, au détriment des autres activités. L'histoire est en route. Un nouvel ordre s'installe progressivement dans le Jura neuchâtelois. De défricheurs de forêts, les habitants vont se transformer en défricheurs du temps. /DAD