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Le docteur Sigg commente avec sel l'évolution vers un monde hygiéniste

Le Dr Jean Sigg, ancien médecin responsable de la Résidence, au Locle, a publié en ligne aux Editions G d'Encre «Vieillissement, théorie et pratique». Des expériences et des réflexions brossées d'une plume tantôt tendre tantôt mordante. «Et si on passait du paraître à l'être, et décrivait un beau vieillard paraissant et ayant 80 ans?» Jean Sigg, ancien médecin responsable de la Résidence, au Locle, avait pris sa retraite à 72 ans. Une retraite active puisque aujourd'hui, à 80 ans, il publie un récit en ligne aux Editions G d'Encre: «Vieillissement, théorie et pratique». Avec la malice qu'on lui connaît, il émet des considérations générales sur ce qu'on appelle «vieux», et la relativité du temps, puisqu'un athlète est un ancêtre à 40 ans, mais pas un cardinal, et ne parlons même pas d'un pape.

06 nov. 2007, 12:00

Mais surtout, il brosse d'une plume tantôt tendre tantôt sarcastique un historique de ses années de pratique, depuis 1955. Avec les portraits de ses confrères comme le Dr Z, esclave de ses patients, qui n'avait qu'une manie: il faisait une partie d'échecs avec sa femme le soir après souper, alors que sa salle d'attente était encore pleine, et terminait ses consultations vers minuit «car il y avait toujours un petit malin qui s'enfilait vers 23h30». Du même coup, le Dr Sigg brosse l'histoire d'une société où on parlait plutôt charité que solidarité. Les caisses maladie existaient certes, mais pour s'y affilier, mieux valait être riche et en bonne santé. L'assistance communale était dépourvue de moyens, donc peu généreuse. Le Dr Sigg se souvient d'une vieille dame qui avait un canari, mais, avait-elle dû entendre, les assistés n'avaient pas droit à des animaux de compagnie. Par bonheur, le répondant communal s'était montré humain... L'hôpital du Locle était dirigé par des s?urs de Saint-Loup «avec les avantages et désavantages d'une direction de diaconesses dévouées aux malades mais aux idées bien souvent étroites».

La Résidence, encore nommée «Asile de vieillards», abritait une septantaine de pensionnaires. Elle était dirigée par «un saint homme», tyrannisé par le président du comité de fondation. Il était épaulé en tout et pour tout par un couple de concierges et un cuisinier! Certains pensionnaires étaient hauts en couleur, comme ce colonel Poliakov, ancien officier du tsar, qui, pauvre comme Job, avait gardé ses manières de grand seigneur. Et la chaleur humaine palliait la vétusté des lieux. Lorsque des vieillards désargentés allaient au bistrot - seule distraction à disposition -, il ne manquait jamais de bonnes âmes pour leur offrir un verre. Ou deux.

Le Dr Sigg a suivi l'évolution de la Résidence, les «cas lourds» allant augmentant, et toutes les classes sociales désormais réunies dans la grande vieillesse. Il se souvient de cet ancien boucher qui ne sortait de sa léthargie que lorsqu'on lui parlait de sa Ferrari... Pour en arriver à notre époque hygiéniste, qui le fait parfois ricaner. Oui, ce régime méditerranéen à base de fruits, légumes et poisson, c'est très bien, «mais il y a aussi la sieste et le pastis». Quant à cette diète sans sel, sans graisses polysaturées, sans pesticides, sans OGM, avec surabondance d'oméga 3, «elle demandera probablement une formation de plusieurs semaines pour l'apprentissage de la lecture et de l'interprétation des étiquettes alimentaires. Elle aboutira à de beaux grands vieillards au regard triste».

Il conclut ses lignes comme il les avait commencées, avec Philémon et Baucis, ce couple de vieillards qui s'aimaient si fort que les dieux en ont été émus et ont exaucé leur v?u le plus cher: rester ensemble pour toujours. Ils ont été métamorphosés en deux arbres aux branches entrelacées. «On peut voir au Locle ces deux arbres derrière la Résidence Côte 24.» /CLD

Site internet: www.editions-gdencre.ch puis cliquer sur «auteurs» et «manuscrit»
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