Qui ne la connaissait au Locle, cette femme généreuse, amicale, au contact simple et chaleureux, qui aimait tant «tailler une bavette»? Cette infatigable militante du pop, toujours en train de récolter des signatures, montant des volées d'escaliers, allant tirer des sonnettes, ou «de piquet» à son stand, devant la Migros, sur la place du Marché, par vent et bise?
«On lui passait un coup de fil, elle arrivait!», relève le conseiller communal Claude Leimgruber, qui avait milité avec elle durant 40 ans. Plus Locloise que Locloise, malgré sa petite pointe d'accent suisse allemand, Anna Bottani, née à Trub en 1928, était arrivée en 1954 dans la Mère-Commune, venue de son canton de Berne natal. Elle a passé de longues années à travailler dans la téléphonie chez Zenith, puis dans la production horlogère. D'origine modeste, elle était de cette génération qui a lutté sans relâche pour obtenir des vacances et de meilleures conditions salariales. Une génération dont les efforts nous ont permis de jouir des acquis d'aujourd'hui, souligne le président de la Ville Denis de la Reussille.
Anna Bottani a siégé 23 ans sur les bancs du pop au Conseil général. Elle y était entrée en 1976 puis l'a quitté en 2003 avec une pause de quelques années. Elle fut membre de maintes commissions, dont celle des travaux publics. Elle ne comptait ni son temps ni sa peine, pas du tout du genre à s'épancher sur ses ennuis de santé. Son idéal de solidarité l'a poussée aussi à s'engager activement pour Causes communes et la ville de Plav au Monténégro, ainsi qu'au sein du comité de l'Avivo jusqu'il y a quelques mois encore. Sans parler de Magasins du monde, où elle s'est dévouée bénévolement un nombre d'heures incalculables.
«Je ne sais pas si on en fait encore beaucoup, des militants comme cela», salue Denis de la Reussille. «Elle était extraordinaire de cohérence dans son engagement et dans sa fidélité.» /cld