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Western spaghetti de synthèse «al dente»

Un caméléon soliloquant est largué en plein désert et va devenir à son corps très défendant un héros de l'Ouest. Le premier film d'animation du réalisateur de «Pirates des Caraïbes» constitue une parodie de western animalière plutôt jouissive. A découvrir si possible en version originale, because Johnny Depp!

04 mars 2011, 04:15

La séquence d'ouverture de «Rango» donne le ton: on y voit un caméléon neurasthénique monologuant dans son vivarium sur son devenir anonyme de triste animal de compagnie. Un brusque freinage, qui démontre tout le savoir-faire de l'entreprise ILM (Industrial, Light & Magic) dans le domaine de l'animation en images de synthèse, le catapulte hors de la voiture familiale qui l'emmenait vers d'autres horizons. Suivant le conseil d'un vieux tatou à moitié écrabouillé par un camion, notre reptile s'enfonce alors dans le désert, «à la rencontre de son destin». Après quelques mésaventures cactées, la bestiole arrive à Dirt (Poussière), un bled paumé où l'eau est sévèrement rationnée. Beau parleur, désireux de «devenir enfin quelqu'un», le caméléon à la langue trop pendue se présente aux citoyens assoiffés de «Dirt» sous le nom de Rango, la légende de l'Ouest, au point que le maire va s'empresser de le nommer shérif: le mythe est en marche! A intervalles réguliers, tel un chœur tragique, un orchestre de chouettes mariachis viendra en chanter les stances les plus décisives…

Malgré quelques baisses de tension, suscitées par des bavardages parfois envahissants, cette satire brocarde avec un talent fou le western spaghetti qui réglait déjà son compte au genre roi du cinéma étasunien… Jouant de façon virtuose avec toutes les ressources de l'anthropomorphisme, Gore Verbinski, qui avait déjà révélé une touche très «cartoon» dans certaines séquences de sa saga pirate, surmultiplie les clins d'œil aux films de Sergio Leone et consorts. Le réalisateur du «Cercle» va même jusqu'à se payer le luxe d'une apparition spectrale et irrésistible de Clint Eastwood en personne, qui passe son éternité à sonder les sables du désert avec un détecteur de métaux! Certes, ce tir nourri de références cinématographiques suscitera sans doute la perplexité des plus jeunes, lesquels risquent de se sentir un peu largués, mais comblera d'aise tous les aficionados en mesure d'identifier les modèles d'origine. /VAD

Neuchâtel, Apollo 1; La Chaux-de-Fonds, Scala 2; 1h47

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