«Vents de Carême»

25 avr. 2009, 11:29

Il y a longtemps que le polar est un genre qui dépasse largement le cadre qui est le sien naturellement; l'enquête est devenue prétexte au dévoilement des complexités humaines et sociales, et que ce vent souffle aujourd'hui du Nord ne doit pas occulter l'universalité d'un tel mouvement. Aux frimas de Stockholm et de Reykjavik répondent les vents de La Havane. Le lieutenant Mario Conde, créature de Padura, est à classer parmi les détectives douloureux. Le soleil tropical, les «Vents de Carême» ne font qu'accentuer sa fréquente lassitude et ses échecs existentiels, mais n'entament en rien sa marche vers la justice. On n'oubliera jamais son ami revenu paraplégique de la guerre d'Angola, ni la fascinante saxophoniste rousse et nue, ni la jeune prof complaisante assassinée, ni le grouillement de cet pays unique et plein d'énergie, décidé à survivre en son improbable mélange de dogmatisme contourné, de corruption dénoncée d'autant plus évidemment qu'implicitement convoquée. Leonardo Padura vous ravira, vous attendrira du milieu de l'horreur ordinaire et humaine.

«Vents de Carême»
Leonardo Padura
Ed. Point Seuil
254 pages