Les vieilles dames et leur chat racontent une époque à elles seules. Rues, toits, parc, monuments sont saisis sous la neige, dégageant calme et douceur, poésie même.
Derrière l'objectif, Claude Garino ne joue pas l'esbroufe et le tape-à-l'oeil. Il préfère les atmosphères délicates et les scènes furtives. Ou les contrastes entre le temps qui passe, traces de rouille sur une façade, et le renouveau perpétuel de la nature en fleurs. A la page suivante, un graffiti, révolte contemporaine, est souligné d'une vieille balustrade d'escalier. Puis Numa Droz, qui porte doublement le poids des ans - son monument mériterait un sérieux rafraîchissement.
Le poète disert n'aurait pu se passer de mettre en mots ses émotions. Ses vers s'ouvrent sur La Chaux-de-Fonds et «une rue rectiligne partagée par un trait d'ombre - l'éblouissement d'un immense soleil».
L'homme qui parle aux chats, Claude Garino lui-même, décrit un félin roux appuyant son nez contre la vitre, des géraniums gelés dans la véranda, des jours de fête avec des odeurs de soupe aux pois et l'hiver qui arrive sur les pattes des corbeaux.
Il dédie des textes à des personnages aimés et admirés, Le Corbusier, Lucien Schwob, Blaise Cendrars, Arthur Nicolet, etc. A Anaïs et Chloé, l'entier du livre. Quelques citations figurent en guise de conclusion, comme «Echangerais un mort contre un arrosoir», trouvée sur un écriteau près du cimetière.
Ce petit livre, «renouvelant le genre pour évoquer une ville et lui rendre un hommage sensible», est proposé comme le cadeau de Noël à ne pas manquer. / IBR
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