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Une décision honnête et courageuse

Le 23 décembre 1975, le conseiller communal de Neuchâtel Jean-Pierre Ghelfi annonçait sa démission. Il venait de vivre les 14 mois d'angoisse d'une longue crise à l'hôpital des Cadolles. Dans le canton, c'est le seul cas dont on se souvienne d'un magistrat communal qui ait jeté l'éponge, avant le burn-out, dirait-on aujourd'hui. Comme Michel Barben.

29 janv. 2006, 12:00

Pourtant vieux routier de la politique, l'ancien agriculteur chaux-de-fonnier aura à peine tenu deux ans à l'exécutif. Il le dit lui-même: peut-être qu'il n'avait pas l'étoffe pour affronter les périls de la fonction. Et c'est vrai que cela grenouillait depuis un moment dans les casernes de la police et du SIS, les troupes qu'il chapeaute. Le libéral n'était pas à sa place.

Michel Barben abandonne après un gros coup de flash médiatique qu'il n'a pas supporté. Sa solitude a dû être pénible à vivre. Sa décision, rapide, est honnête et courageuse. Il prend le risque de partir, sans job à la sortie.

A force de voir des élus qui ont plutôt tendance à se pavaner, on les croyait pourtant tous blindés. Dans le public, on considère souvent qu'ils gagnent bien assez, ces ronds- de-cuir, pour encaisser les coups sans finir au tapis. L'exemple prouve que non.

Cela repose la question de l'engagement lourd de ces hommes - et femmes - qui tiennent certes un pan de pouvoir mais le paient. Un conseiller communal (14.500 francs par mois à La Chaux-de-Fonds) touche autant qu'un cadre de l'administration fédérale, avec du travail en plus et de la tranquillité en moins. Et surtout il s'expose.

Sans doute que quelques-uns ont vécu de belles années, dans les périodes de vaches grasses. Mais maintenant qu'on serre la ceinture et qu'il faut faire passer une certaine décroissance, ils doivent affronter des citoyens révoltés dès qu'on touche à leurs prestations et des problèmes devenus des casse-tête.

Moins armé que ces économistes ou juristes qui hantent les administrations, plus fragile qu'un ambitieux sans vergogne, Michel Barben est aussi la victime de la cruauté des temps. /RNu

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