«Une benne très, très bien faite»

11 févr. 2011, 04:15

«On est content de faire essuyer les plâtres par des hommes du bâtiment...» Hier matin à La Chaux-de-Fonds, Claire-Lise Mayor Aubert, présidente du tribunal de police, vivait sa première audience sous l'égide du nouveau droit suisse de procédure pénale entré en vigueur le 1er janvier. Il s'agissait en l'occurrence d'une affaire d'amarrage de débris de chantier sur une benne tractée par un poids lourd. En septembre dernier, Albert (prénom fictif), chauffeur dans une entreprise de construction, se rendait de Saint-Blaise à la décharge de Coffrane, avec un chargement de déblais de terre et cailloux dans sa benne de 4 m³. La police l'interpelle, lui reprochant de n'avoir pas bâché ce chargement. Celui-ci faisait au milieu un monticule dépassant d'une vingtaine de centimètres les bords de la benne, encore que sur les bords, le chargement était plus bas de 7 à 10 centimètres. Toujours est-il qu'on lui réclamait une amende de 300 francs. Il avait fait recours.

«Il n'y avait aucun risque que ce monticule puisse glisser, expliquait-il, vu la façon dont tout le chargement était tassé, compacté avec le godet de la pelle.»

Témoignage corroboré par son collège qui avait chargé cette benne: «Celle-là, elle était vraiment très, très bien faite, sans vouloir me vanter». En précisant que d'autres transporteurs ne se donnaient pas autant de peine. «Ça m'étonne qu'on soit ici!»

Le responsable logistique, par ailleurs président de la commission paritaire pour la formation des machinistes, et expert aux examens, a confirmé que ce chargement avait été fait dans les règles de l'art. Il était sur place ce jour-là et a vu la benne de ses yeux. «Sinon je ne serais pas venu témoigner» et «si on met des amendes à ce type de chargement, la police peut arrêter tous les camions. Tout le monde travaille de cette façon et personne ne fait courir de danger aux autres usagers de la route».

Claire-Lise Mayor Aubert a acquitté Albert et a mis les frais à la charge de l'Etat.

Cela dit, ce nouveau code de procédure pénale complexifie quelque peu la tâche d'un tribunal. Par exemple, tous les témoignages doivent être protocolés séance tenante, et chaque témoin doit relire le procès-verbal tiré au préalable sur imprimante, puis contresigner chaque page... /cld