Au premier regard, ils ressemblent à des schémas de cellules dans des laboratoires de biologie. Mais les dessins de Madeleine Jaccard, si l'on prend le temps de se laisser happer, convoquent aussi le tissu organique d'un monde imaginaire où la forme devient matière. Les bourgeons, les embryons, les molécules se rétractent, se multiplient, plaisantent entre eux comme dans une forêt fictionnelle imaginée par J. R. R. Tolkien. «Comme chez l'auteur du «Seigneur des anneaux», je tente d'inventer une langue, un système, une utopie. Redonner une vie imaginaire à certains systèmes de classifications rigides», explique la Neuchâteloise d'adoption.
Dans les deux salles, on peut voir des procédés différents. Certains dessins étant conçus à l'ordinateur puis coloriés d'autres directement par le bras. Les vignettes coloriées amusent et intriguent. On y voit des lacets, des spaghettis, des moteurs de haute technologie, des enzymes, mais aussi des logos efficaces et décalés. Les pièces faites intégralement à la main révèlent plus encore le côté minutieux du travail, l'orfèvrerie. «En introduisant des teintes douces entre les lignes graphiques, j'ai l'impression d'amener un peu de légèreté, de fraîcheur.»
Défendre une certaine idée de la miniature renvoyant par moments à l'illustration médiévale peut paraître terriblement décalé dans le paysage de l'art contemporain: «Oui je peux sembler un peu à l'écart par rapport à ce que l'on voit en Suisse romande et en France. Mais je suis Bâloise et à Thoune, et même à Kassel, je vois beaucoup de gens qui traquent cette forme de fantastique dans de petits formats.»
Deux plus grands espaces questionnent d'autres valeurs comme la répétition et l'effet décoratif de motifs démultipliés.
Un monde de mouvements et de célébration du végétal qui mérite que l'on prenne le temps de comprendre toutes les ramifications.
La Chaux-de-Fonds, La Locomotive (Chemin-de-fer 15), jusqu?au 12 avril. Du mercredi au vendredi de 17h à 19 heures, samedi de 15h à 19 heures