Président du tribunal depuis huit ans, le magistrat relève néanmoins une relative stabilité au niveau des vols et des effractions, mais une légère augmentation des délits violents. «C'est difficile de quantifier: tout dépend du travail de la police. Plus il y a d'effectif, plus il y a de contrôles, donc plus de délits», résume-t-il joliment.
Alain Rufener rappelle que le gros des affaires relevant du Tribunal de police est traité par le Ministère public. «Elles n'arrivent chez nous qu'en cas d'opposition ou de cas grave.»
Sur les 2000 cas traités par le canton chaque année, 450 relèvent du Tribunal de La Chaux-de-Fonds. Là non plus, pas d'augmentation significative. Les affaires sont, pour moitié, des infractions à la loi sur la circulation routière (LCR). Dans l'autre, on trouve, en vrac, les histoires de stups, d'abus sexuels, de coups et blessures et, toujours en bonne position, les incontournables bringues de palier. «Notre société cloisonnée laisse peu de place au dialogue. Le citoyen est peut-être un peu plus procédurier qu'autrefois», explique le juge.
Autre point noir, le conflit conjugal, qui rime trop souvent avec conflit total. «Le couple doit faire un travail de deuil, la procédure sert parfois à ça. Depuis 20 ans, on prend en compte la parole de l'enfant. On s'aperçoit que les griefs changent. Auparavant, la mère faisait pression sur le droit de garde exercé par le père en l'accusant de maltraitance; aujourd'hui ce sont les accusations d'actes sexuels qui reviennent régulièrement», constate Alain Rufener.
Concernant le Tribunal correctionnel, 23 affaires l'ont occupé à ce jour en 2006. Des chiffres assez stables. «On ne peut pas dire que la grande criminalité a augmenté.» Stupéfiants et abus sexuels sont les deux grands domaines évoqués au Tribunal correctionnel, «facilement les deux tiers.»
Le magistrat note un phénomène assez frappant. «Il y a dix ans, l'acte d'accusation d'un prévenu toxicomane s'accompagnait de trois pages de vols et différentes effractions. Aujourd'hui, le toxicomane ne vole plus, sauf cas exceptionnel.» Une évolution difficile à expliquer, si ce n'est peut-être par la baisse du prix de la drogue (entre 8 et 10 fois moins cher pour la cocaïne). «C'est peut-être une piste.» / SYB