CRITIQUE - PAR DENISE DE CEUNINCK
dimanche à la Salle de musique de L'Heure bleue la saison 2009 - 2010 de la Société de musique de La Chaux-de-Fonds ainsi que la 16e Semaine artistique du Rotary.
Nous étions habitués à l'idée que la sonate Arpeggione de Schubert, imaginée pour le violoncelle, ainsi que la sonate op 120 de Brahms, dédiée à la clarinette, avaient atteint, dans leurs instrumentations d'origine, une vérité absolue. Alchimiste de la sonorité, Bruno Giuranna accomplit un miracle, il met en ½uvre le timbre de l'alto de façon admirable. Une conduite d'archet à la Oistrakh, on ne peut que reconnaître la puissance, la sonorité de l'instrument et s'en émerveiller. Entre éclat et pénombre, on ressent toute l'émotion que Schubert a placée dans l'Arpeggione. L'alto imprègne l'½uvre dont aucun détail ne nous échappera. Et que de couleurs, de nuances, prodigieusement différenciées dans la sonate de Brahms. A la puissante impulsion de l'alto répond la musicalité de Roberto Arosio. Le pianiste insuffle vigueur et densité expressive.
Cette aptitude, cet exemplaire jeu en duo, ont été ressentis dès le début du récital, dans le «Lachrymae» de Britten, partition importante du répertoire. Une sorte de lamento, impressionnant, donne son envol à des variations de rythmes, de couleurs, d'animation, rivalisant, techniquement, avec Paganini. Puis les notes se font moins pressantes, elles laissent libre cours à un choral, habile à ramener insensiblement l'atmosphère du début. Aux chaleureux rappels du public, Bruno Giuranna a répondu par deux bis, Beethoven et Fauré.
La masterclass conduite par le maître se poursuit, salle Faller. Les auditeurs sont bienvenus. Les cours ont lieu de 9h30 à 12h30, de 14h30 à 16h30. Concert des élèves vendredi 9 octobre à 20h, dans cette même salle Faller.